22 févr. 1999
Pessoa et les artistes modernes et post-modernes (la génération à venir)
Moi, je lisais en attendant mon tour chez mon psy (cela faisait une éternité que je n'y étais pas allé, et comme d'habitude nous avons beaucoup ri, légèrement et gravement, légèrement quand il m'a sorti son téléphone portable "vous n'avez pas l'un de ces petits bijoux de la technologie moderne ?" je lui réponds que non, c'est une expansion du pénis à laquelle je n'adhère pas, gravement en disant "je ne sais pas"), je lisais donc le petit livre de Tabuchi sur Pessoa dans lequel il dit que les grands écrivains de ce siècle (celui dont on voit au fur des jours la fin approcher) avaient des vies plates, mornes, mécaniques (employés de bureaux, etc.) et se réfère à Kafka entre autre et d'autres noms bien sûr, et je me suis dit que c'était plutôt encourageant à lire pour l'artiste qui sommeille en chacun, qui chaque soir pleure sur ses deux lignes qu'il ne peut pas écrire parce qu'usé par un boulot alimentaire, incapable d'aligner quoique ce soit parce que les meilleures idées viennent durant les pauses-café, mais qu'il est trop honteux de sorti un calepin pour noter l'idée du "siècle", cet artiste qui n'ose pas tout plaquer pour devenir ce qu'il voudrait être. Le système économique et social, la sécurité du travail est un poids à prendre sur soi, une règle avec laquelle il faut jouer, ignorer les déconvenues de notre existence pour s'extasier durant quelques instants, fussent-ils vécu dans la fatigue - mais n'est-ce pas fatigué que l'on rêve le mieux ? -, des purs instants hypnotiques où l'on vit une autre vie, une vie qui se rapproche d'un livre que l'on ne peut pas écrire.
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