6 oct. 2005

Bérurier noir

1. Mal à la gorge.

2. Avec du recul sur l'époque, les disques de Bérurier noir sont loin d'être mauvais. Bien plus que cela, ils sont historiquement importants. Tragiques, grotesques, ils sont révélateurs de ce que les années 80 a été: la fin des squatts, l'émergence et la mort d'une certaine idée de l'alternatif. Les années 70, post-68 n'ont jamais été alternatives; tout ceci n'était que flan situ, de la mise en spectacle égoïste, égocentrique. Les punks de la clique à Pacadis n'étaient que des clubbers hypes, tellement stupides qu'ils préféraient s'en foutre et tourner à l'héroïne. Les béruriers noirs, leur boite à rythme drm16, leur guitare et leurs cris, sont musicalement a-typiques, avec quelques brûlots comme jamais la France n'en aura jamais produit -- peut-être faudra-t-il attendre Noir désir pour avoir à nouveau envie de lever le poing comme un manifestant excédé, prêt à la révolution, à la nuance près que la révolution de Noir désir était romantique, poétique, petit-bourgeoise, accessible parce que réalisable dans l'hypothétique monde-poétique; l'idée de la révolution bérurière était réaliste parce qu'elle s'ancrait dans la réalité et sonnait comme déjà jouée, futile, une futilité surenchérit par l'idée de la fête, du grotesque, du pitre absolu. Danser sur les décombres parce qu'il n'y a plus rien à faire, durant ces années 80, tout est déjà fait (ou bien: la guerre est déjà finie depuis longtemps). Comme s'acharner sur un cadavre qui ne bouge même plus.