27 déc. 2004

le retard & les fêtes

Soirée du 21/I see you (the-byrds)/ Peu importe si le lendemain il fallut dormir dans les toilettes du bureau pour y trouver un peu d'intimité, et faire l'aller-retour à midi pour une sieste d'à peine une poignée de minutes, et repeindre la salle de bain avant de dormir et "lorsqu'elle entra, il se demanda s'il n'avait pas jusque-là gardé ses yeux baissés, durant toutes ses soirées qu'il avait passé avec elle, à boire tout deux et ivres jusqu'à oublier les pas de danse qu'imposait la musique -- alors juste bouger son corps comme on agite ses jambes pour retirer un pantalon trop étroit, bouger son corps pour s'en défaire --, le regard fuyant, ne la voyant pas jusque-là -- n'y voyant à dire vrai que celle qu'elle voulait laisser voir, juste une surface exhubérante ironique & cassante, mal fagotée drôle et idiote -- le genre de fille stupide qui peut pisser dans un broc et en jeter le contenu du troisième étage sur les passants, et se cacher et rire comme une idiote. Peut-être était-ce la fatigue qui lui fit tomber sa garde -- relevant alors les yeux sur l'inattendue --, et il vit une grosse masse de vérité, et alors tout entra en cohésion -- la pisse, le broc, les mauvaises blagues et les saloperies vachardes de la première rencontre -- et les excuses qu'il y eut lors de la seconde --, les actes et l'ivresse, la résolution et le dépit, la pertinence et la cruauté qu'assène la solitude, le malaise et la placidité du sourire, le front large --; un gros morceau de vérité (et là figé dans sa fatigue, attendant la fermeture une cigarette à la main, il se dit lorsqu'elle entra, dressée droite & emmitouflée d'une longue veste bleue, le sourire fané et timide, au-delà de la représentation de l'idiote ("-- sale garnement, sale idiote stupide qui crache sur les passants"): "elle est belle" -- pour que n'importe quel soudard tombe en extase à ses pieds" -- comme jamais il ne l'avait vue, là les yeux enfin droits face à elle et voyant la vérité, la fêlure du vernis, cet instant quand les morceaux éparpillés ici & là incohérents se rassemblent pour ne former plus qu'un bloc, alors. Alors, un jour, il faudra comprendre pourquoi il n'y a que les dingues qui l'intéressent.

23 déc. 2004

1. Suppression du bookmarks de BellaCiao, dont pensé qu'il était plus modéré que Indymedia-Paris. Ce qui est loin d'être vrai, puisque me suis fait censurer en réponse au message qui s'enervait contre le Time, lequel a déclaré George Bush, homme de l'année 2004; défendant ainsi le Time, lorsqu'il a déclaré que l'homme du XXème siècle était Hitler -- et il faut être un sacré neuneu-romantico dépourvu de tout sens de la réalité et de l'histoire pour affimer le contraire; merci à Bellaciao. A moins que les gauchistes eussent préféré que le Time ait déclaré comme Homme du XXème siècle Joseph Staline.

19 déc. 2004

1. Ai pris le pack 3 jours pour le réveillon dans l'Aubrac. Réveillon le 30 décembre. Le 1er de l'an, sera le 31. Une année décalée.

2. Rien. Rester au lit; tirer des copies du manuscrit; aller boire un café; écouter Harpo en boucle; Dolphy, Public Enemy, Mesrine danser, lire un peu; faire un peu des petites choses La journée du type qui a refusé l'invitation d'un repas japonais fait maison. Petit texte sur Harpo & Movie star, petit plaisir d'écrire des choses sans intérêt. "Faire des choses inutiles avec tout le sérieux nécessaire".

18 déc. 2004

Sister Iodine - Harpo

1. Sister Iodine; un peu déçu par leur concert donné hier soir -- ou avant hier soir, les jours se succèdent avec au milieu quelques heures de sommeil --; c'était un peu n'importe quoi, comparé au concert vu dix ans plus tôt -- carré, tendu; ceci dit, je comprends les midinettes qui deviennent folles lorsqu'elles voient Bridney Spears danser et chanter, même si elles savent qu'elle chante en playback; je suis fan du jeu de scène du guitariste blond, de ses hurlements, et rien que pour ça, je les suivrais jusqu'en asile -- et si je devais participer à un air guitar contest, c'est lui que j'imiterais. Et puis, ils ont des super belles guitares électriques, et ça fait du bien de se faire ramoner les oreilles avec du bon son médium poussé à 11. Ca fait du bien de voir des stars.

2. Harpo, Movie star.

13 déc. 2004

jouer carte sur table

1. Dans les miroirs des cafés, ai revu la fille. Il est maintenant difficile de jouer carte sur table -- "non, ce n'était pas moi, mais j'aurais pu le faire -- non, ce n'était pas moi, mais j'ai trouvé ça plutôt drôle, plutôt culotté, surtout que je t'ai reconnue dans ce portrait -- non, je n'étais pas là ce mois-ci, non, cela ne peut pas être moi (le mensonge des couards, des héros des ivresses éthyliques)". Dans un autre lieu et dans un autre temps, les choses se seraient passées autrement. Un jour peut-être. Mais que cela soit dans la rue ou dans le reflet des grands miroirs des cafés, on sait quand on est vu et quand on ne l'est pas. Un jour, je me souviendrai qu'à une époque, j'ai rasé les murs. Je suis l'intrigant petit bonhomme aux lunettes rondes.

2. Dos Passos. Bon, il faut jouer carte sur table: Proust, auteur du XIXème, définitivement, au grand regret des critiques et des philosophes des bar-pmu. Joyce, du XXème. Machin, il crèche dans l'appartement, il écrit, couché, des histoires de gens vivant dans la naphtaline d'un temps perdu. L'autre, il commence au petit matin par un grand bol d'air frais, et il raconte une journée en 1200 pages; pour lui, le temps n'est pas perdu, il est là, au présent. L'un navigue entre Venise et la piole d'un hôtel bourgeois, l'autre bourlingue entre Dublin, Paris, Zurich, Rome, Trieste, picole comme un trou, fume des clopes dans la voiture de l'asthmatique et se fait férocement renvoyé par celui-ci du carré VIP. Joyce, ce jour-là, en fumant sous le nez de Proust, lui a bien fait comprendre que son carton VIP, il pouvait le rouler et se le mettre où il le voulait, parce que c'est lui qui lui mettait la mite au grand concours de composition littéraire. Bon, Joyce, c'est Max/MSP avant l'heure, ça détruit tout ce qui s'est fait jusqu'alors, et fait le vide autour d'elle (la littérature). Bon, le XXIème (?!). Ah oui, le XXème, c'est le début des dilletantes, les écrivains des bureaux, les commis voyageurs: Kafka, Pessoa, et tout le reste. Bon, le XXIème (?!). Quand on voit que la musique contemporaine du XXème siècle est en passe de devenir un vieux truc tout poussièreux, on est dans le devoir de se demander ce qui pourra se passer (un néo-classicisme, façon Gorecki, Part, etc. ?! (merde!) -- malgré un intérêt tout récent éveillé pour la musique dite "contemporaines" par le public d'une certaine musique électronique expérimentale (comme une recherche bien plus archéologique, une recherche de digestion -- à notre grande époque où tout est disponible, où tout est mangeable, avalable, où tout se vaut, il serait bon de se poser la question de la digestion -- voire de la défécation). Ca sera fait de quoi le XXIème, du néo-classicisme (merde!) ?! De la digestion ?! Du "on recolle les morceaux, ils ont tout cassé, et ils nous ont montré que c'était vraiment jouissif de tout casser, mais bon, même si c'est moins cool que de tout péter, on va quand même essayer de construire quelque chose dont on puisse être un peu fier" -- mais ça va être difficile de battre un mec qui a osé intoxiquer par une clope le grand Marcel.

3. Marcel Proust, c'est nul.

4. It's the end of the world as we know it, and i feel fine. Ouais, je ne crois pas que cela se fera en se prenant la tête -- genre "avancer les concepts pour un nouvel art" à la façon des é-crivains/e-critures.org, ce genre de concepts qui servent bien plus de béquilles face à une chose que l'on ne comprend pas que de ponts reliant à l'avenir -- une manière pour ne pas se dire "j'ai la frousse, alors rationalisons, avec des concepts, on va pouvoir construire un truc parfait -- mais mes chers é-crivains, c'est avec des concepts du XXème que vous cherchez à analyser un art qui sera probablement celui du XXIème -- mais laisser lui au moins le temps de faire des âneries, de ne pas se prendre au sérieux -- ah GTA3, ah Manhunt! --, laisser lui le temps de la jeunesse, arrêter de faire des discours que l'on réserve pour les enterrements.

5. Les points de rupture.

12 déc. 2004

Crimes et délits

1. Ai vu Crimes & délits de Allen "Si ça plie, c'est drôle, si ça brise (casse), ce n'est pas drôle". A revoir. Songe m'en faire un autre ce soir -- et ouais, 2004, c'était ptet la fin qui rejoint le début. Comme si quelque chose ne nourrissait plus, et que cette chose l'avait fait jusqu'ici, plus ou moins bien. Voir ailleurs si j'y suis -- quand je devient un autre.

2. A y réfléchir, le premier décrivait ces passages à l'acte qui ne peuvent être que dans un état second -- alcool, frustration, etc. comme si ceux-ci étaient nécessaires pour que les passages à l'acte soient vécus le moins violemment possible (et du regard extérieur, l'alcool, la frustration, le-bout-du-rouleau portent la violence bien plus qu'elles n'aident en réalité les héros à la supporter;
-- et le numéro zéro était clairement le récit du non-passage à l'acte;
-- et le second est également une histoire de passage à l'acte qui se passe dans la violence -- comme si celle-ci était bien moins une nécessité qu'un état de fait; en s'approchant de leur liberté d'agir, les héros au fur et à mesure des récits devaient se soumettre à la violence même de la liberté d'agir -- c'est un peu en cela qu'il y a, ici, un certain mépris qui ne trouve en réalité sa source que dans la méfiance, vis-à-vis de ces personnes qui sont capables de tout dire et de tout faire, parce qu'ils semblent, au mieux dénués de tout intérêt, au pire, scrupuleusement avides, cette espèce de gloutonnerie existentielle sans estomac.

3. EXCIPIENT, subst. masc.
A. PHARM. Substance neutre à laquelle on incorpore le principe actif d'un médicament pour lui servir de support ou de véhicule. Médicaments à excipient aqueux. On conseille de la déguiser (...) dans divers excipients : confiture, miel (Vincent ds Nouv. Traité Méd., fasc. 5, 1, 1924, p. 196)

4. Les points de rupture.

11 déc. 2004

i trawl the megahertz

-- What's wrong ?
-- I'm fourty-nine.
Aurais dû sortir -- mais juste envie de rester là, même pas au chaud, juste être là sans avoir d'autres efforts à faire que d'essayer de se concentrer sur autre chose que tout cela -- ceci après la dispersion de la veille -- ivre de midi jusqu'au coucher à 2h. (les repas de Noël en entreprise, comme si j'y étais sans y être réellemment -- n'être qu'un passager clandestin dans cette entreprise. Ni parler, ni agir sur quoique ce soit, ne plus être là. Ni dégoût, ni espoir, un peu de temps comme du sable qui serait coincé dans cet infime espace qui sépare les deux réserves d'un sablier. Attendre juste cet instant qui se transformera en extase. Et oublier qu'on l'a attendu.

Peut-être aller dans un bar, y boire un café et fumer des cigarettes, avoir l'esprit suffisamment ailleurs pour ne pas avoir à lire et oublier tout cela.

Aller dans un bar, et voir si j'y suis -- et devenir un autre.

Why's everybody actin funny?
Why's everybody look so strange?
Why's everybody look so nasty?
What do I want with all these things?

I went alone down to the drugstore
I went in back and took a Coke
I stood in line and ate my Twinkies
I stood in line, I had to wait

7 déc. 2004

Le travail (1): YMCA

1. Sur le retour de cette première journée de travail, j'ai cru que je perdais la tête; non pas la folie verbeuse d'un Seul contre tous -- ce délire macabre qui explose la langue et ne fait de celle-ci qu'un flot sans cohérence, un flot de mots comme peut l'être la musique de Von Schirach -- une langue breakée (ie. le surréalisme, l'écriture automatique, etc.; ça serait d'ailleurs un bon angle d'attaque pour qui veut analyser ce genre de musique: le prendre par le bout du dadaïsme (avec la rage et la colère dont ils en sont la source; ie. Otto Muhl et le mouvement actionniste autrichien, ultra-violent; ie. l'ultime rage, dire et faire n'importe quoi --, non pas la folie à l'état de démence, mais celle qui conduit à l'ataraxie la plus totale: devenir aussi amorphe qu'un fruit pourri dont le jus en serait trop acide pour être goûteux, suffisamment fielleux pour rendre impropre à la consommation la gogue qu'il habite; le ressentiment.

2. YMCA. Repas au restaurant d'entreprise à côté, qui porte le logo Y rouge et stylisé de la chanson disco -- et dont mes nouveaux collègues de bureau temporaire m'ont dit: "tu peux aller manger au I M KA" -- comme si ils n'avaient jamais entendu la chanson pour s'amuser un tant soit peu du nom du lieu; c'est le genre de détail qui marque une personne, bien plus que sa nuque longue ou sa barbiche.

Je me rends dans le hangar dont ils m'avaient indiqué le chemin et demande au garçon qui tient la caféteria qui se situe à l'entrée, où se trouve le restaurant. Il m'indique dans une langue approximative le chemin; je le fais répéter plusieurs fois tant je ne comprends rien à ce qu'il me dit. Dans la salle, des hommes en bleu de travail sont affalés à des tables en plastique, enfermés dans des petits compartiments séparés par des décorations hors du temps, c'est à dire très années 80, c'est à dire moches et fanés, c'est à dire éclairés par des néons sales. Les ouvriers avaient des visages ravinés, les yeux hagards, il y avait quelque chose d'étrange chez ces hommes qui donnait à l'endroit une ambiance très révolution-industrielle-Zola. Le mur d'en face était décoré d'une fresque pastelle sale où se mêlaient un soleil sale et un jardin vert sale, où jouent des enfants sales qui sourient sur un fond gris et terne. Je traverse le couloir que le garçon m'avait indiqué. Des fenêtres longent le mur et donnent sur des espèces de bureau -- du moins c'est l'impression que j'avais en m'y rendant; en réalité, il s'agissait d'un atelier de couture et de tri de vêtements où travaillent, enfermés derrière des vitres en plexiglass, à la vue de toutes les personnes qui se rendent manger, des idiots, des retardés mentaux, les yeux rouges rivés sur des bacs remplis de bouts de chiffon.

Avec mon plateau-repas, je me rends à une table, et avale la pièce de viande et une platrée de nouilles -- pour seulement 3.85 euro. Le réfectoire est un hangar éclairé par des rangées de néon -- c'est un peu comme manger dans un garage auto, la crasse en moins et une propreté terne et grise qui fait regretter le camboui et le bruit de la ferraille. Je regarde une fille passer, que je trouve plutôt mignonne; je finis mon plat et vais à la caféteria prendre un café. Je m'installe au comptoir, et me retourne vers la salle; à une table, il y a la fille assise avec deux autres types qui discutent, et elle reste là, amorphe, le regard creux -- peut-être les écoute-t-elle, peut-être pense-t-elle à autre chose; elle se tourne de l'autre côté et elle reste là, légumeuse, inutile, psychotique. D'autres types à d'autres tables ont la même posture: vides, creux, débiles -- au sens psychiatrique du XIXème. Le serveur est lui-même un peu attardé; pas désagréable, mais juste bon à n'être que deux mains qui servent. YMCA.

3. Comme une colère qui ne serait que du ressentiment dégageant sa propre énergie, une colère sourde et muette, nécessaire -- et c'est curieusement ce que j'espérais y trouver; bien moins de quoi remplir le frigo qu'une raison pour être en colère.

6 déc. 2004

Rien -- promenade forcée à Blagnac, trois heures à marcher de rond-point en rond-point, d'immeubles en hangars, à insulter les voitures et perdre mon carnet d'adresse au pied d'une carte municipale, à retrouver un peu de contact humain dans un hôtel Sofitel pour passer un coup de fil (la situation aurait pu être risible (et elle l'était) si le réveil n'avait pas été tendu, une nuit pleine de rêves curieux sans souvenir et le néant au bout -- et deux heures en guise de consolation sous la couette à goûter le rien et chercher le vide, le passage obligé pour calmer une plâtrée de nerfs en boule -- et tomber sur une démo de Enjoy the silence, froide, distante, mal bredouillée (et retrouver un peu d'énergie à l'écoute de la version produite -- et comprendre une nouvelle fois de plus quel est le rôle du producteur -- tout comme celui de l'éditeur).

Me demande si je ne suis pas profondément dépressif comme gars.

2 déc. 2004

Entretien.

Test de personnalité:
  • stabilité: moyen moins
  • autorité: moyen moins
  • pondération: moyen moins
  • minutie: minimum
  • audace: faible
  • réalisme: faible
  • créativité: maximum
  • esprit d'équipe: moyen moins
  • conformisme: moyen moins
Test de leadership:
  • style du candidat: relationnel
  • résultat & performance: 9/20
  • animation & relation: 16/20
Raisonnement logique: 6/6

Me suis marré en lisant ces résultats "ainsi donc, c'est moi, ça ?" et puis ai pensé à la personne qui avait tout au maximum, c'est à dire quelqu'un qui serait super-social, super-stable, super-autoritaire, super-pondéré, super-minutieux, super-audacieux, super-réaliste, super-créatif, super-esprit-d'équipe, super-conformiste. En gros et en détail, c'est super connard.

29 nov. 2004

Découverte de Claude Simon -- quelques pages lues dans le bus, L'herbe, comme une espèce d'étonnement sur la technique d'écriture -- rarement eu autant l'impression de lire ce que j'aurais pu écrire (les longues parenthèses, les abus des non pas, des comme, des comme si, la guerre, le temps -- le temps qui s'éternise --, le temps suspendu -- le temps scellé --, la quasi absence radicale du point-virgule, l'ennemi juré du rythme.

Rendez-vous intérim dans la banlieue soviétique de la ville -- usine basse, toit en tôle rouillée, briques sales et béton fendu --, dans une espèce d'usine dans laquelle travaillent 200 personnes -- vision kafkaïenne de bureaux alignés de gratte-papiers --, on pouvait encore entendre le sifflotement d'un employé allant à la machine à café. Tous les murs étaient gris, ça sentait la pousière et l'odeur de la laine des gilets des secrétaires qu'elles portent sur leurs épaules, laissant pendre les manches le long de leur buste comme des vieilles chaussettes. Entretien avec un ex-nuquard, ayant probablement des vieux remords quant à avoir abandonné sa coupe de cheveux à la Rudy Woller. Maintenance d'un soft par avance mal foutu, la retape de code-maison, du boulot d'amateur que l'on ne peut pas critiquer parce qu'il est de la famille.

(Ai terminé hier soir Manhunt)

26 nov. 2004

Ai été réveillé par le tél. -- fax pub. --, journée creuse -- suis allé à Colomiers, situer l'endroit de l'entretien; village de banlieue terne (lumière d'automne rasante grise sale), de la brique, des hangars. Répét' sur kob i vento, bon boulot, content(s). Ai scribouillé des idées pour habib, à voir si ça peut tenir. -- couché 4h30. Bonsoir.

25 nov. 2004

Journée vaine; ai été réveillé par le téléphone "annonce, boulot, rdv le 2 déc."; comme un goût de fin de vacances, quand le temps se résume à un point à atteindre. Ai passé 5 heures sur Manhunt, à essayer de dégommer des bonhommes -- jusqu'au moment où j'ai compris que l'intérêt n'était pas de tuer les bonhommes, mais de passer le tableau, bon gré, mal gré. Ai croisé dans la rue Max., avec deux amis à lui; bouteille de gin à la goulée, discussion débile avec ses potes débiles; on se de demande pourquoi les gens sensibles traînent souvent avec des demeurés -- des idiots; revenir à Sh. et son "une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit & de fureur, qui ne veut rien dire".
Soirée Clarknova rigolote (4 bières, une de trop); y ai croisé la fille-sans-nom-facile-mais-tragique. Comme une journée de vacances, vaine, creuse, avec tout le reste qui va avec, que la frustration, l'angoisse et la dérilection appellent à taire.

23 nov. 2004

avant

Hier soir, le pugilat -- débat houleux avec M. -- partouzeur fini et anarcho-bourgeois, abonné à Meetic & à l'Huma --, après qu'il ait dit "C'était mieux avant! -- avant, avant, les années 70 & 80 -- avant, avant, maintenant tous des petits cons, maintenant tous des dociles, nous on luttait, on l'ouvrait, maintenant sont là à répondre à des quizz pour gagner une bouteille -- avant, avant, avant -- avant, avant, avant -- et l'autre idiot 60naire, décharné jusqu'à l'os de vinasse, qui riait les dents cassées jaunies -- avant, on pouvait gueuler dans les bars, maintenant on vient nous dire de la fermer -- avant, avant" (et moi et mes arguments mal fichus, mais c'était la conviction du dépit contre déjà le ressentiment, contre la nostalgie du temps mort -- et moi dans ce petit monde à l'ouvrir là, enfin comme un dingue, délivré par la parole -- mal agencée, mal construite, brouillonne, comme des premiers pas -- juste être là, à lutter non pas contre ce monde-là dans lequel nous sommes, mais contre ce monde de nostalgie dans lequel tout serait bien mieux -- ni flic, ni police, ni justice, des partouzes & de la drogue, de la liberté crénom d'une pipe -- ce monde qu'ils ont saccagé en prenant tout ce qu'il y avait à prendre -- et les écouter, leurs rancoeurs et leurs désillusions -- il faudrait qu'ils sachent que nous vivons déjà par dépit -- et là où ils arrivent, nous y sommes déjà passés ("quand tu y allais, j'en revenais"). Et notre jouissance dans l'intime qu'ils étalent sans remords.

Des écrans vidéos, des jeux en réseau, des musiques complexes, des missions d'intérim, des histoires d'amour compliquées, des solitudes à mi-mots, blasés de naissance, mais l'envie d'en découdre.

13 août 2004

s'y remettre

Dans ces heures intenses du silence, l'ascète se confronte aux
inclinaisons, aux ascensions de ses appétences, restant là roide & fixe,
non pas face à cette ligne d'horizon qui brûlait les yeux des
navigateurs de la Renaissance, leur intimait d'aller nulle part ailleurs
que là-bas
-- non pas roide & restant là fixe, face à cette ligne vers laquelle
son regard s'est déjà tourné et a été fasciné, l'a longuement
contemplée, et finalement l'a conquise (navigateur de la Renaissance aux
yeux brûlés par l'azur des tempêtes, à la peau tannée par le soleil, au
corps distordu par la violence de sa solitude embarquée)
-- mais roide, fixe & restant là, seulement paralysé par une masse
compacte vive et dense qui le cerne, qu'il n'inspecte même pas tant il
en connaît déjà la texture et la chaleur
-- territoire d'au-delà la ligne, où s'effacèrent une fois celle-ci
franchie le courage et l'ambition, où disparut toute l'appétence qui
avait fait de lui un homme comme une bête sauvage
-- alors las et redevenu homme, le corps gisant là et la langue sèche
collée au palais par le silence tenu
-- alors là étreint par une crainte qui accable ses ambitions de
parler, d'écrire, de lire, confronté là au flottement du désir de la
voix qui voudrait être parole, du désir de cette parole qui voudrait
être écriture, et du désir de ce regard qui voudrait la lire,
-- se mesure alors aux inclinaisons, aux ascensions de ses appétences,
dans ses heures intenses de son silence, cet ascète restant là, roide &
fixe.

30 mai 2004

Moustache

-- Je ne me suis pas rasé depuis lundi et tout à l'heure, en terrasse, tout en avalant mes deux chocolatines, je me demandais si ça ne vaudrait pas le coup que je garde la moustache, pour l'expérience. Tout d'abord, une bonne grosse moustache à la Bové, puis l'affiner jusqu'à n'avoir plus qu'un simple filet de poil, genre pervers gominé qui joue du couteau. Non ?