21 avr. 2009

Une belle journée en France

PARIS (Reuters) - Enseignement de la Marseillaise aux immigrés, incitation au respect du drapeau et éducation civique pour étrangers : le gouvernement français entend adopter bientôt un programme d'action pour promouvoir le "patriotisme".

Le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale Eric Besson a laissé entrevoir mardi des mesures en ce sens qui seront prises sans doute en juillet prochain, lors d'un comité interministériel à l'intégration.

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PARIS (Reuters) - La justice française a interdit l'exposition de cadavres humains "Our body, à corps ouverts", donnant raison à deux organisations de défense des droits de l'homme, apprend-on auprès de leur avocat.

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Les forces de l'ordre ont interpellé mardi matin 194 personnes lors d'une vaste opération contre l'immigration clandestine dans la région de Calais. Parmi les migrants d'origine pakistanaise, iranienne ou irakienne, 44 ont été placés en garde à vue. D'après la préfecture du Pas-de-Calais, cette intervention a permis de révéler la présence de nombreux mineurs parmi les migrants, ainsi qu'un état d'insalubrité préoccupant sur les lieux. Cette opération visant à démanteler les filières d'immigration clandestine intervient à 2 jours de la visite du ministre de l'immigration, Eric Besson. (SWISS TXT)

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Ca sent le brun.


19 avr. 2009

Eric et Henri

T'es mort. Voilà, les choses sont faites. D'un point à l'autre: entre Séb et toi, un hiver a passé. D'un côté, une grande fête pleine de vie, de rires, de pleurs, Seb sur son surf qui récite la lettre de Guy Moquet et de l'autre, l'anonymat, le secret. Eric, tu es mort il y a trois semaines, et personne ne semblait être au courant.

Ta mère, la psy, t'avais placé en hopital psychiatrique. Tu es mort là-dedans, paraît-il. Je me souviens des tableaux que tu avais offert à E. Je me souviens aussi de cette soirée où tu m'as dit qu'on devrait faire de la musique ensemble, que tu apprenais la clarinette. Tu avais le regard vide de Syd Barrett. Toi aussi, t'avais forcé sur la dose. La micropointe t'avait dévoré le cerveau. Mais on dit que t'avais déjà des problèmes avant. Que cela n'avait fait qu'empirer les choses. On donne toujours des raisons pour excuser nos manquements. On t'a laissé filer, c'était comme joué d'avance. T'étais revenu de Amsterdam détruit. Les autres t'avaient abandonné. Tu errais dans la ville, on se croisait. On discutait un peu. Tu fais quoi, tu deviens quoi. Moi dans ma névrose, ma solitude, toi dans ton monde que tu regardais les yeux vides et tristes. Stéphane t'accueillait de temps en temps, quand tu avais des permissions de sortie. E. & B. allaient te voir, là-bas. C'était les seuls. Ils allaient à Albi te voir, les dimanches. J'avais eu l'occasion de les suivre, mais je m'étais défaussé au dernier moment. Je suis aussi un petit homme.

L'annonce de ta mort scelle, par un curieux hasard, la fin de ma lecture de Acid Test, qui parle de trips sous LSD. Tu arrives là, après 6 mois d'un long tunnel que j'ai creusé pour m'éloigner du dècés de Séb. Tu boucles la boucle.

Depuis quelques jours, je lis un peu partout la disparition de Henri Meschonnic. Un nom que je ne connais pas. Tu ne devineras jamais, Eric, ce qui vient de se passer. Dans le tas de livres qu'il y a au pied de mon matelas, j'ai trouvé un bouquin de Henri Meschonnic. Ca s'appelle Nous le passage, c'est de la poésie. C'est ma soeur qui me l'avait donné avec toute sa bibliothèque, quand elle faisait sa crise mystique. Ce sont des courts poèmes. Comme il fait beau, je vais aller lire ce livre sur un banc.

Je t'embrasse Eric.

(Cassavetes & Falk dans Mikey and Nicky, Elaine May)

15 avr. 2009

Clavinova


1. Hier soir, dans mon sommeil, j'ai très fortement pensé à toi. Ce n'était pas un rêve, mais une présence dérangeante, des mauvaises ondes, un fantôme qui venait m'habiter. Je me souviens de m'être relevé sur mon coude, tu devais être par là, dans la pièce. Toi ou quelque chose de toi. A midi, je t'ai appelé et ça n'a pas décroché. J'ai laissé un message en disant que j'avais rêvé que tu étais entrée dans une secte & que ça me ferait plaisir d'avoir de tes nouvelles.

Ce qui c'est passé cette nuit me met dans une certaine fébrilité -- je ne devrais pas certainement. J'ai eu Vanessa qui m'a dit t'avoir vue à la piscine et que tu étais allée voir des docteurs. Et puis Gisèle a dit que tu étais venue répéter la semaine dernière. Ça m'a rassuré. Ce soir, je me suis un peu remis à mon piano en plastique (le clavinova est au piano ce que la poupée gonflable est à la femme)


"t'es aussi sensuelle qu'un clavinova"


au clavinova parce que j'ai trouvé une petite mélodie qui tourne sur un accord de sol & de do, et je ne trouve pas la suite. Je retrouve la puissance d'un Sol et d"un Do. C'est bon signe ça.

J'ai eu ma mère au téléphone qui m'a dit, très discrètement, que ses petites affaires d'articulation devenaient un peu plus sérieuses. J'avais deviné à la voix sur son message que quelque chose n'allait pas vraiment mais on fait comme l'air de rien "je vais pas lui foutre la trouille". Ma mère me sait sensible. Je deviens une petite grand-mère a-t-elle dit en riant. J'ai pensé à toi et à tes épaules qui se bloquent. Le monde autour de moi perd en souplesse. Je vais retourner au taï-chi.

2. Depuis quelques jours, je repense souvent à S. Depuis sa disparition, c'est peut-être la première fois que je me retrouve enfin un peu seul, sans avoir quelque chose à faire pour me distraire de cela. C'est bien. Pas envie de sortir. Juste chouiner dans mon coin. Parce que c'est bien de chouiner, aussi, de temps en temps.

3. Je me souviens des cours de piano que tu me donnais. En échange, je te donnais un texte que j'écrivais dans la semaine. Après le cours, on sortait s'acheter un sandwich qu'on mangeait sur un banc. On se disait au revoir de la main, à samedi! A samedi! on se faisait, tout fiérot.

10 avr. 2009

Pommade

T'as la mémoire courte; en d'autres temps, toi aussi tu étais en plein dedans et l'air de rien, je prenais garde. Peut-être aurais-je dû être plus démonstratif pour avoir un juste retour des choses. Rares sont les personnes qui perçoivent ces attentions, presque invisibles. La bienveillance, l'attention sont bien peu de choses dans la plupart des relations; pour être bien vu, il faut du démonstratif, du "je te passe la main sur l'épaule" qui coûte peu et rapporte beaucoup à l'ego. celui qui panse se gargarise souvent; il ne soigne pas seulement la plaie de l'autre, il se passe également une jolie pommade. Ego, ego, ego. Accroché à ton ego, hang on to your ego comme dit la chanson. Je sais très bien que tu n'attends qu'une chose: c'est que je te dise que je passe une période difficile et alors tu te mettras en quatre pour me soutenir, y allant de ton discours, de tes méditations compréhensives sur le monde, plus quelques conseils paternalistes. Et ce n'est pas cela que j'attends de mes relations. J'ai déjà un père & un frère.

En dépit d'une certaine tristesse qui m'envahit parfois, tout cela me rassure. Ce n'est finalement pas moi qui déraille. On est toujours tenté de se remettre en question, c'est dans la nature des choses. Ceci jusqu'au jour où l'on se rend compte que ce n'est pas nous qui faisons n'importe quoi mais bien l'autre, en face. La pommade que tu passes, ce n'est pas mon problème, c'est le tien; que tu agisses ainsi pour dorer ton image, te donner une bonne conscience, c'est ton problème. Qu'il n'y ait rien en retour des services rendues et que cela me rende fou, c'est un autre problème auquel je dois trouver une issue; et elle se trouvera toute seule, j'en suis certain. Mais je ne vais pas revenir sur ma manière d'agir pour avoir des retours. La non-démonstrativité que j'applique dans mes relations et ma manière d'agir, elle me convient parfaitement, je suis en phase avec. Et je souligne en phase parce que je me suis posé la question maintes & maintes fois. Il y a peu, je disais à une personne "j'aime bien faire l'idiot" et elle m'a répondu qu'elle s'en était rendue compte, ie. qu'elle avait capté mon petit jeu. C'est ce genre de remarques qui me permettent de croire encore à l'existence de personnes capables de percevoir un minimum de finesse. Je sais qui j'ai aidé et ces personnes le savent. J'en ai soutenu d'autres et elles ne le savent pas. C'est leur problème. La relation humaine n'est pas une économie marchande; tu passes de la pommade comme d'autres tirent un trait vertical sur une feuille, écrivant d'un côté Crédit, de l'autre Débit. Ce que je peux donner, combien ça peut rapporter à mon petit ego.

La grande pitié catholique, la grande solidarité démonstrative m'a toujours ennuyé parce que dans bon nombre de cas, elle repose sur une mauvaise conscience de soi. Les gens que tu aides, pommades, peuvent remercier ta mauvaise conscience, elle leur doit beaucoup. C'est pour cela que tu sembles agir avec désinvolture, sans intérêt, parce que tes transactions ne sont pas entre toi et les autres, mais entre toi & ta mauvaise conscience. Toi et les autres, vous faites une petite machine bien huilée; toi tu donnes et en contre-partie, tu redores ton image. Il doit exister un schéma équivalent dans la Nature, mais à l'heure actuelle, je ne l'ai pas trouvé. Mais ça se rapproche d'une certaine idée d'un catholicisme coupable, un classique du monde occidental.

Je ne veux pas perdre mon temps à essayer de te convaincre. Je ferai dorénavant sans toi. Il n'y a pas expliquer. Lire Spinoza, Nietszche, revenir aux textes taoistes, une psychanalyse, pencher la tête et s'apercevoir que le monde n'est pas comme il paraît.

Je suis loin d'avoir fini ma mue: du tao, je n'en suis encore qu'un lecteur peu averti: la paix, l'harmonie avec soi & le monde, je n'en goûte pas encore pleinement les délices; la béatitude spinoziste est une idée que j'entr'aperçois; je suis encore capable de beaucoup de rancunes; sache qu'en d'autres temps, je saurai te rendre l'espèce de mépris dont tu fais preuve. Et j'y mettrai les formes, puisque tu y es si attaché.

7 avr. 2009

Avancement

1a. Win.rtf: 11 feuillets de 1500 signes.
1b. Super-héros: 6 feuillets.
1c. Damiens: cinquantaine de feuillets.
1d. Habib: une centaine.
2. Les paperoles de Proust sont des galeries. Proust était un mineur.
3. Creuser le texte -- non pas étendre sa surface, mais sa profondeur.