29 avr. 2005

plongeon

1. Retour d'une petite ballade dans les eaux troubles de la névrose pseudo-catho-hygiéno-moralo-fantasmatico-désoeuvrée -- où comment se faire remonter les bretelles pour une question de crottes dans les yeux, par quelqu'un qui reste aveugle sur la merde ambiante. Il y a vraiment des gens largués sur cette terre, et c'est bien pour ça que Dieu n'est pas vraiment mort -- arrête tu m'as refilé tes angoisses, j'ai besoin d'un joint. Merde. Alors comme cela, tu doutes de son existence pour prendre une montée d'angoisse.

2. Bien mieux qu'un joint, bien mieux que Dieu, c'est le jazz des année 1920.

3. Il a fait beau aujourd'hui.

4. C'est bien la première fois que je me dispute pour des raisons métaphysiques (!).

5. Habib est définitivement jazz.

19 avr. 2005

South Park

South Park, c'est le sujet qui m'oppose avec beaucoup de personnes actuellement. L'on dit: "oh oui, c'est amusant", mais dès lors que j'exprime clairement ma pensée, avouant trouver dans cette série, certes un intérêt humouristique mais surtout un intérêt intellectuel, alors tout de suite, mes interlocuteurs s'écrient "tu es sérieux ?!". Puis après m'avoir considéré avec dédain, ils s'éloignent de moi et m'ignorent, comme si bien plus qu'avoir le (mauvais) goût d'aimer cette série, je n'avais pas un sens critique suffisamment développé pour la considérer comme étant *avant tout* stupide. L'on m'a même dit que
c'était "arrogant" d'aimer cette série.
Alors que c'est l'un des rares produits télévisuels qui abordent frontalement le monde actuel, et avec une sagesse rare, démontrant, par l'absurde -- et ici, je fais référence à l'épisode /Ya n'a dans le ventilateur/ de la 5ème saison --, démontrant, donc, par l'absurde que la vulgarité n'est pas dans la grossiéreté énoncée, dite, mais dans la grossiéreté agissante. Et l'analyse qui y est faite des Etats-Unis est dors & déjà à prendre au sérieux, compte tenu que l'Europe a 50 ans de retard sur ce pays.
FU2 sur frcd, compte tenu de l'actualité récurrente que l'on peut y trouver à propos de /Team America/ et son discours final bien plus désespéré qu'amusant sur les têtes de noeud, les trous du cul et les 'tites chattes.

"Pussies don't like dicks because pussies get fucked by dicks. But dicks also fuck assholes. Assholes that just want to shit on everything. Pussies may think they can deal with assholes their way. But the only thing that can fuck a asshole is a dick, with some balls. The problem with dicks is they fuck too much or fuck when it isn't appropriate. And it takes a pussy to show them that. But sometimes pussies can be so full of shit that they become assholes themselves. Because pussies are a inch and half away from assholes. I don't know much about this crazy crazy world, but I do know this. If you don't let us fuck this asshole we're going to have our dicks and pussies all covered in shit. "

14 avr. 2005

togi

Un jour, je découvrirai une photo de nous; peut-être cela sera une personne que nous aurons eu en commun qui me la montrera, une photographie parmi tant d'autres prise lors d'une soirée, où nous apparaitrons tout deux là l'un à côté de l'autre, souriant benoîtement un verre à la main, des cotillons dans les cheveux et une cigarette en bouche, une mise au point floue sur nos vêtements comme des déguisements ridicules pour une soirée costumée (je sourirai alors en la voyant, malgré la nostalgie de notre rupture -- je sourirai malgré ton sourire sur cette photographie, des lèvres débordant de ton visage et ma gêne diffuse d'apparaître là à côté de toi,
-- peut-être s'agira-t-il d'une photographie tombée d'un carton lors d'un déménagement; alors je me souviendrais de l'instant où cette photographie aura été prise, dans un pays étranger où nous étions bien plus explorateurs que simples touristes, où tu aurais conduit ce garçon qui était déjà un homme et que j'étais alors, toi l'exploratrice et moi le casanier, m'extirpant de cet enclos où tu étais venue me chercher et dans lequel je t'avais faite prisonnière bien malgré toi -- malgré ce pouvoir de séduction que j'ignorais alors avoir sur toi --,
-- toi & moi sur cette photographie, toi plus grande que moi et moi plus petit que toi -- nos épaules aux largeurs différentes mais nos sourires benoîts identiques de jeunes amoureux que nous ne serions alors plus, nos cheveux enneigés de cotillons et des boas de guirlandes en papier autour de nos cous,
(et je repensais alors à ce stupide acteur juif qui s'était marié plusieurs fois avec des filles plus grandes et plus belles que lui) -- et c'était une raison suffisante pour me sentir plus fort que les regards que l'on pouvait nous jetait -- plus fort que ce regard que je jetterais lorsque je retrouverais un jour cette photographie --
un jour, je découvrirai cette photographie, prise au hasard d'une soirée, et je nous entendrais dire "c'est n'importe quoi!, nous faisons n'importe quoi" et après avoir entendu cela, je reverrais ton visage que je voyais quand j'ouvrais mes yeux, quand ma machoire me faisait mal tant j'aimais t'embrasser,
"c'est n'importe quoi!, nous faisons n'importe quoi!" et nous nous embrassions dans la douleur de nos dents entrechoquées et ton menton rougi par ma barbe drûe,
"c'est n'importe quoi! -- ouais, c'est n'importe quoi!"
Ouais! , c'est n'importe quoi! c'est n'importe quoi comme tout ce qui n'est plus concevable. Et comme tout ce qui n'est pas concevable -- le magicien qui découpe son assistante en deux, les extra-terrestres, Dieu
& le Diable, l'Amour & l'Amitié, la guerre et le parfum inné des filles,
-- tout ce qui n'est pas concevable -- les filles amoureuses de vous, les garçons amoureux de vous --, la gentillesse des vieilles dames,
-- tout ce qui n'est pas concevable -- l'intelligence dans le regard des chats, l'Humanité & l'origine du monde,
-- tout ce qui n'est pas concevable -- toi & moi, et l'un sur l'autre, le bleu du ciel & le reflet de la mer qui ne ferait qu'un,
-- "c'est n'importe quoi!" nous nous écriions, là dans l'alcôve de nos chambres --
-- et comme tout ce qui n'est pas concevable, nous vivions ces instants avec l'imprudence nécessaire pour savourer avec justesse ce qui est inconnu.

5 avr. 2005

**** (3)

Il ne s'agit pas de solutions théoriques, mais d'une recherche autant dans l'écriture que dans l'existence d'une certaine liberté que je n'ai pas, puisque étant sous contrôle permanent. L'idéal, sommairement,serait d'arriver à la maîtrise, comme ces musiciens qui maîtrisent leur instrument sans jamais en avoir appris de leçon; se libérer de l'instrument, quitte à en jouer d'une manière atrophiée, peu conventionnelle, au même titre que Monk jouait du piano avec trois doigts, ce qui ne l'a pas empêché de prendre son pied, et nous auditeurs, de le prendre également. Je suis convaincu d'une (de ma)nécessité au retour d'une approche primaire et purement instinctive; etpar instinct, je ne fais pas référence à du chaos, mais au coup d'éclat-- une espèce de "flot" qui serait maîtrisé, et non plus le résultat du syndrôme de Hugo. Je cause effectivement des problèmes que j'éprouve actuellement, et que j'ai exposé plus haut -- c'est à dire, mon envie de me débarrasser de ces problèmes pour obtenir une "écriture facile" comme tu le dis, même si je le formule plutôt comme la "maîtrise du geste". Et la grande question est de savoir comment lier ce "geste" à la nécessité de ne pas perdre de vue le projet final. Je doute que celasoit possible; l'écriture et la rature forme un couple fragile.

**** (2)

J'ai éprouvé énormément de mal à effectuer le passage de l'écriture d'untexte court tenant en quelques lignes, à l'écriture d'un texte long --et curieusement, j'éprouve une réelle difficulté à revenir à des textescourts, maitenant que j'ai passé le cap du texte long -- et peu importele résultat puisqu'ici, le propos porte sur une expérience d'écriture.
Pour paraphraser Klossowski, qui a dit "Le jour où le jeune écrivaincorrige sa première épreuve, il est fier comme un écolier qui vient degagner sa première vérole", je dirais "le jour où le jeune écrivainécrit son premier livre, il est comme un écolier qui vient de découvrirla masturbation". Je n'en suis qu'à la branlette, mais j'aimerais bienchoper la vérole ;-)
Je vais tenter de dresser la liste des analyses/remarques/interrogationsqui me restent sur les bras après cette expérience, dans l'espoir qu'enles couchant ici, à l'oeil libre des lurkrices(-keurs) &contributrices(-teurs), je pourrais enfin me libérer et prendre distanceavec, puisque ces interrogations me bloquent et me frustrent de pouvoirpasser à autre chose.
L'une des difficultés a été de garder une cohérence stylistique tout aulong de l'écriture. Dans l'écriture de textes courts, il est possible depasser d'un style, d'un phrasé, à un autre; mais cela n'est pas vraimentpermis sur des dizaines et des centaines de pages -- sauf si le bouquinque l'on écrit s'appelle /Ulysse/ et que l'on s'appelle James Joyce.
Certes, je conçois toujours cette idée de pouvoir apporter desvariations sur le rythme, sur des changements dans la manière d'aborderla narration, mais celles-ci doivent rester cohérentes, c'est-à-dire,soutenir cet ensemble qu'est le style -- style bon ou mauvais, là n'estpas la question. Ceci peut paraître un peu ridicule à constater, mais aucours de cette expérience, j'ai dû dégrossir ma manière d'écrire,l'affiner, la forger, c'est-à-dire, devoir *contrôler* le geste -- cequi, en plus d'être frustrant, ramène l'épreuve du "long" à courir unmarathon avec des chaussures coulées dans du béton.
Dans cette difficulté, entre également la question du tic; sur un textecourt, les tics n'apparaissent pas forcément aux lecteurs ni même à sonauteur, mais sur une longue distance, l'abus devient flagrant, cecid'autant plus lorsqu'il n'est qu'une béquille pour l'auteur las. Je saisque j'ai énormément abusé, entre autre, de la tournure "bien moins que...", devant me résoudre à revoir pas mal de pages tant cela devenaitalambiqué jusqu'au grotesque; et je doute avoir fait le tour de mesalambics :-). Dans ce cas précis, c'était l'une des résultantes dusyndrôme de Hugo, c'est à dire pisser de la ligne en pensant écrire lechef d'oeuvre -- comme si finalement la tenue d'un "flot" était synonymede qualité. Ces points étant à revoir, à corriger à plusieurs reprises,ceci pousse la lassitude jusqu'à l'écoeurement, au découragement. Maisétrangement, j'estime avoir bien plus appris à écrire en récrivant qu'enécrivant simplement; et c'est peut-être là que le coup porte et blesse.
L'autre difficulté que j'ai rencontrée a été de savoir comment raconterce que j'avais à dire: jusqu'où dois-je aller ? que dois-je omettresciemment ? telle digression est-elle vraiment utile ? qu'apporte-t-elle? est-elle en cohérence avec l'intérêt du livre que l'on veut écrire ?Par exemple, pour un polar, faut-il s'attarder sur la couleur de la robede la dame en noir (sic) ? J'ai dû couper dans le texte, le resserrer àcertains endroits, devenir un monteur de cinéma qui selon les séquencesqu'il choisit, pourra donner des couleurs différentes à son film. Ce quirajoute une couche au travail besogneux de "post-production".
Cette difficulté est d'autant plus difficile à surmonter lorsque l'on aécrit essentiellement des textes courts -- le plus souvent des hybridesentre la nouvelle et de la prose --, textes courts dans lesquels uneseule idée est exposée, une seule chose est à dire; sur un texte long,il est difficile de ne pas s'enliser dans cette idée à laquelle ons'accroche parce qu'on la juge démentiellement géniale -- un autresymptôme du syndrome de Hugo. Il en est de même pour les images et lesmétaphores -- lesquelles, lorsqu'elles se rapportent toujours au mêmesujet, deviennent bien moins une licence poétique qu'un tic effroyabled'auteur à imagination courte.
Actuellement, les questions que je me pose sont:
- de savoir comment aborder mon histoire; qu'est-ce que je veux dire àtravers cette histoire, sans avoir à l'écrire -- parce que dans cecas-là, il sera plus simple d'écrire directement un essaisocio-philosophique branlant;
- par quel biais amener mon propos; selon quel plan, sur quelle structure;
- comment vais-je raconter cette histoire, en connaissant ma manièred'écrire et mes automatismes;
ces questions posées afin d'éviter le travail laborieux, besogneux de"post-production".
Mes dernières interrogations m'ont permis d'aboutir à cette idée qui mesatisfait plutôt, qui est la différence fondamentale entre le contrôleet la maîtrise -- et ceci me convient d'autant plus que cette conclusioncorrespond tout autant à l'approche de l'écriture qu'à ma manière devivre, d'être *vivant*.
Il ne s'agit évidemment pas d'une conclusion fourre-tout, et je laconçois avant tout comme une étape, tout autant dans le processus del'écriture que d'être *vivant*.
C'est d'ailleurs étrange comme l'histoire que je veux actuellementraconter entre en adéquation avec cette idée de contrôle et de maîtrise;comme si la pleine résolution de cette conception d'être agissant,d'être vivant, d'être écrivant, devait passer par l'écriture de cettehistoire; bien moins écrire pour "choper la vérole" que pour s'accomplirsoi-même. Ceci dit pompeusement, mais qui n'est pas sans importance pourmoi.

Petite notule: ces quelques remarques sur une expérience d'écriture sont très terre à terre en comparaison aux réflexions de Blanchot, Barthes, etc; elles interrogent bien moins l'écriture que la manière d'écrire.
Mais n'est-ce pas là que se situe le nerf de la guerre ? L'écriture doit se placer sur un périmètre autour d'un sujet qu'elle devrait se refuser
d'aborder; en somme, en revenir à ne pas écrire ce qu'il y a à dire, mais à le faire dire, comme l'on presse un fruit pour en tirer le jus. Ce qui renvoie à toute la difficulté d'écrire: qu'ai-je à dire, à transmettre, à travers cette histoire, sans que je sois obligé de l'écrire, sans que cela s'apparente à un essai ou à une énumération de faits.

**** (1)

Moi > Mmh.

Bruno > Je n'y ai pas cru.

Moi > (Mais les choses ont bien changé depuis.)

Bruno > (et les gens aussi)

Moi > (Oui, surtout eux; il arrive toujours ce moment où il n'est plus possible de rester figé là sur ce point de chute -- c'est curieux, les heures qui ont suivi cette mini-réponse étaient pleines d'une certaine tristesse -- alors nous buvions des verres et je demeurais comme déshérité d'un temps connu où les choses étaient différentes -- où il n'y avait effectivement pas ces gens-là, où il n'y avait rien d'autre que l'illusion d'une existé vivant; peut-être était-ce vrai et peut-être cela l'est maintenant moins, malgré les apparences; mais les filles embrassent les garçons, et ça les rend idiots; alors "les choses ont bien changé depuis", comme si je marquais là l'observation, le constat, du chemin tracé brouillé depuis -- et cette envie de s'échapper de ce contrôle omniprésent pour goûter à la liberté de la maîtrise; juste l'envie de faire rupture avec soi-même)

4 avr. 2005

The Byrds - I See You

Et dans l’air, il y avait le parfum de fleurs froissées et du métal encore chaud (alors je t’ai vue) à la lumière ocre susurrée par le crépuscule des derniers jours d’un hiver, au-dessus des gravats et dans la poussière soulevée par nos pas, par delà les champs d’honneur de nos barricades, quand sur nos visages il n’y avait plus que la fatigue de la fureur, la lassitude, le sommeil coulant le long de nos paupières (alors je t’ai vue) aux confins du silence de nos discussions, et nos poings qui ne se desserraient plus, et nos bras droits comme des branches de béton, alors nous marchâmes lentement jusqu’à ne plus avancer (alors je te vis sourire et le monde que tu portais en toi s’écroula ce jour-là, petite idiote mille fois haïe, mille fois raillée et oubliée aussitôt les mots lancés), alors je te vis sourire, là, droite et sans mouvement (et le ciel était noir et bleu, rouge et violet), petite idiote comme je t’avais toujours connue, petite conne sans amour, découvrant là par le miracle du silence tout ce que tu avais toujours tu, et puis la tristesse, alors.
Alors les filles embrassent les garçons -- et il faudra admettre que tu m'as prise par surprise -- et moi qui ne faisais rien à tes côtés, seulement te regarder comme je t'ai découverte un jour en hiver (cet hiver-là, encore chaud du son des bombes et des cloches, de l'émoi qui nous traversâmes quand vint enfin la révolte) -- qui ne faisais rien seulement te regarder et boire, seulement boire et te regarder, et n'être qu'un idiot n'osant à peine effleurer tes jambes du bout de mes chaussures (alors je t'ai vue) --*** -- alors je t'ai vue -- souriante et belle --
-- et tu ne cessais de parler de cet amoureux dont j'en aurais été presque jaloux si je ne t'avais pas vue -- si je ne t'avais pas vue me voir là, long et impassible, me touchant les cheveux, m'écoutant comme si j'étais le meneur d'une Révolution -- mais si je n'étais pas le meneur de la Révolution autour de nous, je l'étais de la mienne (alors je t'ai vue, et tu étais cette barricade que je devais enfin prendre bon gré mal gré -- alors je t'ai vue) --
-- et peu importe si le lendemain il me fallait dormir dans les toilettes de ce bureau que j'occupais pour presque rien, -- juste pour y trouver un peu d'intimité, et me dire "et lorsqu'elle entra, il se demanda s'il n'avait pas jusque-là gardé ses yeux baissés, durant toutes ses soirées qu'il avait passé avec elle, à boire tout deux et ivres jusqu'à oublier les pas de danse qu'imposait la musique -- alors juste bouger son corps comme on agite ses jambes pour retirer un pantalon trop étroit, bouger son corps pour s'en défaire --, le regard fuyant, ne la voyant pas jusque-là -- n'y voyant à dire vrai que celle qu'elle voulait laisser voir, juste une surface exhubérante ironique & cassante, mal fagotée drôle et idiote -- le genre de fille stupide qui peut pisser dans un broc et en jeter le contenu du troisième étage sur les passants, et se cacher et rire comme une idiote. Peut-être était-ce la fatigue qui lui fit tomber sa garde -- relevant alors les yeux sur l'inattendue --, et il vit une grosse masse de vérité, et alors tout entra en cohésion -- la pisse, le broc, les mauvaises blagues et les saloperies vachardes de la première rencontre -- et les excuses qu'il y eut lors de la seconde --, les actes et l'ivresse, la résolution et le dépit, la pertinence et la cruauté qu'assène la solitude, le malaise et la placidité du sourire, le front large --; un gros morceau de vérité (et là figé dans sa fatigue, attendant la fermeture une cigarette à la main, il se dit lorsqu'elle entra, dressée droite & emmitouflée d'une longue veste bleue, le sourire fané et timide, au-delà de la représentation de l'idiote ("-- sale garnement, sale idiote stupide qui crache sur les passants"): "elle est belle" -- pour que n'importe quel soudard tombe en extase à ses pieds" -- comme jamais il ne l'avait vue, là les yeux enfin droits face à elle et voyant la vérité, la fêlure du vernis, cet instant quand les morceaux éparpillés ici & là incohérents se rassemblent pour ne former plus qu'un bloc, alors. Alors, un jour, il faudra comprendre pourquoi il n'y a que les dingues qui l'intéressent",
-- alors un jour je t'ai vue, et puis tu m'as pris un soir par le bras -- et comme un idiot, je t'ai pris par la taille -- et alors tu as serré mon bras -- alors comme un idiot j'ai serré ta taille -- et alors tu as serré de tes doigts mon bras -- alors comme idiot je t'ai embrassé -- et mon visage de baisers a été couvert -- et ton visage de baisers a été couvert. Alors un jour je t'ai vue.