27 févr. 2005

1. Michèle Desbordes, Un été de glycine. Encore lui qui revient, continuellement, alors qu'on voudrait l'oublier un peu. Comme un père qui vous regarderait sans porter de jugement, et dont le seul regard vous pousserez à l'interrogation sur ce que vous faites. Et se dire que la seule solution, pour tuer ce père, et de mettre en pratique Newton "j'ai vu plus loin que les autres parce que je me suis juché sur les épaules des géants". Baissez-vous un peu, Monsieur Faulkner, que je puisse monter sur votre dos et faire un bout de route, moi là sur vos épaules, et vous me montrant le chemin.

2. Habib dans la boue -- l'étrange anxiété qui saisit le corps avant, la crainte de perdre tout contrôle -- aller encore au-delà du merdier complet qui prend forme. N'être même plus dans l'opération du docteur Frankestein -- dont la création avait encore un aspect humain (qui avait résolument l'aspect d'un homme) -- être dans la dynamique de la mine sur laquelle marche le soldat et le propulse loin en pièces diverses -- et la partie des dialogues entre les diverses parties de cervelle sur le mur s'avère être une jolie mise en abîme du merdier.

3. Verdier.

26 févr. 2005

Il faut arrêter la psychanalyse, surtout lorsqu'elle se pratique dans les escaliers

A un moment, il faut arrêter la psychanalyse, surtout lorsqu'elle se
pratique dans les escaliers. Pas de la grande psyché freudienne, à peine une
glace de poudrier qui tient dans la poche. Ca réconforte de se dire entre le
dessert et le café que l'on a compris pourquoi on ne tourne pas rond. C'est
un peu comme résoudre une équation vectorielle en se curant le nez avec les
deux mains. Ca n'apporte pas grand chose, hormis l'illusion que l'on se
donne d'être suffisamment intelligent pour se comprendre soi-même. Le fameux
éclair de génie, la pomme et tout le toutim du type dans la baignoire.
Hormis que la scène se joue ici entre la marche 11 et la marche 12 de
l'escalier. Ca y est j'ai compris, vous dit-on, tout fierot. Suit après
l'eurêka égotique, une loggorhée psycho, aussi fébrile qu'un junkie en
manque. Sauf qu'ici, la came est le divan hebdomadaire.

Finalement, l'humanité ne se comprend que lorsqu'elle est allongée; debout,
ça fait le fierot, ça se gausse, ça se répand, ça dégueule à qui
mieux-mieux. L'humanité, ça se révèle lorsqu'elle est allongée: au plumard
pour les poutouilles et dans le coffre en sapin pour l'éternité.

Rien n'est plus fascinant que le névrosé qui se sent pourvu d'une puissance
phénoménale. Il se sent voler haut, la vision large qui embrasse tout
l'univers au moins, si ce n'est plus, l'aigle holderlinien au-dessus de la
pampa, qui vous donne des conseils, qui vous afflige ses commentaires
auxquels vous ne pouvez pas répondre parce qu'il a forcément raison. Au
début, ça amuse, ça intrigue. Dites-moi donc, cette personne, elle est
foutrement intelligente, elle est foutrement cultivée. Elle vous embobine,
vous vous prenez à son petit-jeu, mais vous sentez qu'il y a un truc qui
cloche. Non pas chez cette personne, mais chez vous. Vous devenez curieux,
difforme. La chaise n'est pas confortable ou c'est moi qui ait mal à
l'arrière-train. Pourquoi je respire aussi mal. Qu'est-ce que j'ai à bégayer
comme ça, d'habitude ça ne m'arrive pas, j'ai des poumons de dinosaures. Et
le dieu-tout-puissant-névrosé, encore bouillant de sa propre petite analyse
de comptoir, en manque de sa sieste hebdomadaire, sous subutex pontalisien,
de vous passer au peigne fin et de vous mettre gentiment dans sa petite
case. Viens avec moi bonhomme, plus on est de fou, mieux c'est. Vous
insistez: diantre, cette personne est foutrement intelligente, elle m'a
salement percée! Quel regard aiguisé, quel magnifique clairvoyance sur ma
personne. Si chez Midas, il vous change le pot en 30 minutes, chez le
névrosé-tout-puissant, il vous torche votre fiche technique entre la soupe
et la charcutaille. Il n'y a plus qu'à faire les empreintes digitales, là.
Et vous voilà maintenant bardé de pustules et de traumas, votre mère vous a
battu et vous rêviez de tuer votre père. Vous êtes malade tous les deux,
vous vous comprenez, c'est la fin de la solitude. Vive l'humanité, vive
l'amour, vive la fraternité! Bon, et puis alors c'est l'heure de partir,
parce que c'est pas tout, je me sens tout bizarre depuis qu'on se parle,
j'ai des sueurs, je ne me sens pas très bien. Dans le trolleybus, vous
croisez Machin, vous discutez de la coupe de France et le malaise s'estompe.
Tiens, c'est curieux, ça va mieux. Quelques jours plus tard, vous revoyez le
névrose-bricolé, il vous recolle sa chtouille, vous en aurez pour la
journée. Il y a vraiment un problème, je marche en crabe. J'ai des poumons
de poisson. J'ai la vision floutée. Et puis un autre jour, vous recroisez
encore votre ingénieur psychanalyste. Mais cette fois-ci, vous êtes dans une
humeur particulière. Tout va bien, votre petite jardin secret est fleuri, et
vous n'avez pas envie qu'on vienne écrabouiller vos plate-bandes. Vous en
voulez pas de sa chtouille. Vous le lui faites comprendre. En général, il ne
comprend pas sur le coup. En général, il vous rappelle quelques jours plus
tard pour avoir confirmation sur ce que vous avez voulu bien lui faire
comprendre.

Deux choix s'offrent à vous: soit vous êtes compatissant et donc tordu, et
vous vous excusez presque; soit vous êtes un vrai enculé, et vous le lui
faites bien comprendre ce que vous avez bien voulu lui faire comprendre la
dernière fois, c'est à dire que sa chtouille, vous n'en voulez pas. Dans le
premier cas, vous regagnez 10 points de sympathie, mais vous perdez 4 points
de vie. Dans le second cas, vous perdez tout vos points de sympathie, mais
vous regagnez tout vos points de vie. Dans le premier cas, vous avez un ami
pour la vie, qui viendra chez vous quand il le voudra. Il vous comprendra
mieux que vous ne le comprendrez, ça sera la petite laisse qui vous ramènera
à l'état de toutou fidèle, de compagnon idéal pour les mondanités, qui dit
oui qui dit non, et qui dit rien c'est encore mieux. Si vous vous rebellez,
il sortira le petit bâton à culpabilité. Bon wafwaf, vous vous coucherez et
tendrez la papate à son maimaitre. Dans le second cas, vous êtes un connard,
vous avez un nom de plus rayé dans votre agenda. Dans les mondanités, vous
croiserez la Culpabilité. Votre corps tremblera, vous sentirez les petits
anticorps se mettre en branle. Ca chauffera de partout. Vous esquisserez un
sourire. C'est pas parce que je suis un connard que je ne peux pas dire
bonjour. La Culpabilité vous dédaignera, vous sourirez d'avantage, vous
aurez gagné une bonne partie contre l'humanité.

25 févr. 2005

post-it

1. (Bus) l'histoire de Ivan Otagov
-- Ivan Otagov n'a jamais existé. Ceci dit, il fracassa en entrant la porte du bureau et tendit le journal sous mon nez, sans prendre la peine de me saluer, s'écriant par salves de postillon, la tête oblique et les yeux tout aussi décadents que son sourire tordu "T'as vu ça, c'est gééééniaaaaallll!".

L'idée de Ivan Otagov tient moins au récit qu'il pourrait en être fait, que de gratter le rapport entre la réalité et ce qui peut découler de la réalité -- en partant du fait que si Ivan Otagov n'a jamais existé, autant son double dans le miroir existe bel & bien. Et de par la création d'un personnage purement fictif, en se basant sur une personne existante, arriver à rendre Ivan Otagov bien plus réel que l'original en lui-même. Que l'une et sa dérivée occupent le même terrain, mais avec des intensités différentes -- et restant toutes deux disjointes et singulières.
Ivan Otagov n'a jamais existé, mais vous allez le voir prendre corps.

2. Les retrouvailles; quelques verres de vin, quelques cigarettes -- la fatigue des voyages & le sommeil du juste.

3. "Et soudain c'est noir". Habib a tout vu; il n'a pas fermé les yeux.

4. Appeler Max pour café & L'Ingrat.

5x. Envoyer manuscrit restant.

6x. Faire chèque loyer ; lettre assurance idem; cédé Lacan mp3 pour Cé.

7. Idée de prendre Ivan Otagov et l'injecter dans La moustache -- le collègue de bureau de la moustache.

24 févr. 2005

El. -- sans effroi ni angoisse; composer un numéro de téléphone -- se dire qu'il est trop tard pour cela mais le faire tout de même; laisser un message sur le répondeur et dire l'une de ces petites stupidités du commun, qui ne dit ni l'attente ni tout ce qui se cache derrière l'attente -- alors il reste à deviner ce tout qui se cache derrière l'attente; bien moins l'attirance que l'affection, bien moins l'affection que le foyer.

21 févr. 2005

1. Rien.

2. Etre là, à regarder l'écran. Etre tout aussi bien dans son lit, à garder les yeux ouverts sous la couette, se réchauffer par sa propre respiration dans le cocon des jambes repliées sur soi. Ne pas penser à demain, ni même à l'heure suivante qui va venir. Etre un point.

De :ventolin (ventolin@free.fr)
Objet :Les miettes

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Groupes de discussion :fr.rec.arts.litterature
Date :2002-02-21 14:16:15 PST

Que reste-t-il de l'explosion ? Un corps émietté, qui s'endort en
tordant le cou de travers. Il n'est pas las, juste empris de cette
fatigue des luttes fraticides, entre lui et moi il n'y a jamais de
vainqueur, nous tombons, chacun à notre manière, à même le sol.

19 févr. 2005

"nettoyer les chiottes"

Entre dans le café bondé enfumé, la fille bardée de jupes et de sous-jupes et de pulls en laine, d'un duffle-coat gris sale, de chaussures de marche, a les cheveux pris dans un fichu crème -- seul d'elle n'est visible qu'un visage triangulaire lisse, sur lequel est lisible la pureté divine sévère des bonnes soeurs.

Elle s'assoit à une table dos à dos à ma chaise, commande un café-noisette et avale des dattes sèches. Elle sort un livre, change de table, lit et relève la tête à l'affût d'un client qui la regarderait -- et celui-ci, c'est moi, las assis sur ma chaise désinvolte, fumant & buvant un café, scrutant les pochettes des disques achetés -- un Robert Pete Williams en 33 déplié sur mes genoux.

Elle change à nouveau de table, se place à une table face à la mienne, et lit son livre moins qu'elle m'observe, las désinvolte, hors du corps tant celui-ci est aussi peu vivant qu'un quartier de boeuf -- m'observe moins qu'elle me guette, me scrute comme le ferait un rapace à l'approche d'un cadavre.

Un rayon de soleil traverse la vitre, je tapote sur les disques et marmonne une mélodie sans trop raison, je m'amuse à l'idée qu'elle vienne me parler et je prépare déjà l'attitude que j'emprunterais -- attentive, las & désinvolte, un peu distant --, qu'elle me parle de moi, qu'elle voie que je suis un peu hors-jeu, qu'elle éprouve de la compassion pour mon pauvre cas, qu'elle me raconte son livre, son livre à la couverture violette, avec au dos de cette couverture la photographie d'un vieux barbu grisonnant -- et après l'avoir écoutée, après l'avoir laissée venir, après qu'elle m'ait déjà dit que l'on est déjà amis, qu'elle est prête à m'aider, qu'elle est prête à m'aimer, qu'elle sera toujours là pour moi, que je devrais lire ce livre qu'elle lit, ce livre à la couverture cheap violette à la photographie du vieux gourou de la secte Fraternité Blanche Universelle, alors je lui répondrais: "j'ai déjà entendu parler de ton livre, je m'en suis servi pour nettoyer les chiottes".

Nina Simone n'avait pas vraiment raison lorsqu'elle chantait: "nobody knows you when you're down and out". Même quand vous êtes hors de tout, enfouï dans votre crasse, lorsque vous vous faites à l'idée très plaisante que votre vie n'est qu'un désert que vous traversez dans le plus simple appareil, il existe toujours quelqu'un prêt à vous aider -- et curieusement, c'est à l'approche de ces rapaces -- "dans cette société individualiste" -- que vous vous sentez soudainement mieux. Ca va Miss.

18 févr. 2005

cocker

1. (se surprendre à écouter Pulp, alors que la cervelle est prise dans une espèce de non-sens curieux -- non pas avoir une seule cervelle mais une batterie de cervelles qui fonctionnent à toute allure et en même temps -- une batterie de cervelles qui tournent à vide -- qui se disputent le bout de gras, qui se chamaillent pour savoir laquelle produira la plus insupportable idée, la plus outrageuse sentence -- et à chacune d'elles, tour à tour, de dire leur sentence -- se surprendre à écouter Pulp -- et y prendre un certain plaisir. Où comment un groupe a réussi à surpasser le génie que John Lennon avait de produire des mélodies avec une seule note -- lalala-all-you-need-is-love. Et puis les synthétiseurs FM.)

2. Habib, t'es mort.

sperme

j'écoute jandek
vento dit :
je vais faire du café
vento dit :
habib, ça va être super et tout le monde en aura rien à foutre
vento dit :
c'est génial
vento dit :
j'ai mis la petite table dans la chambre
vento dit :
où je vais écrire
vento dit :
je vais faire un peu l'artiste
zaza dit :
trop bien!
zaza dit :
une chambre d'écrivain
vento dit :
à la bougie avec une plume d'oie
vento dit :
trop bien
vento dit :
je vais ouvrir les portes de l'enfer avec ma grosse plume
zaza dit :
:-)
vento dit :
avec ma grosse plume qui va cracher du liquide
vento dit :
je vais faire ce que jamais homme n'a fait dans l'humanité
vento dit :
je vais écrire un bouquin avec mon sperme
vento dit :
300 pages
vento dit :
300 pages, tout écrit à la main
vento dit :
à la force du poignet, si je puis dire
zaza dit :
!!!
zaza dit :
:-)

17 févr. 2005

1. Ecouter Jandek dans le bus.

2. Ne pas voir l'activité "artistique" -- artistique voulant ici tout autant dire la fabrication méticuleuse des rideaux par une mère de famille, que l'execution d'une aquarelle par un vieil homme, tout autant dire l'écriture d'une chanson par un jeune chanteur en vogue que l'écriture d'une nouvelle par une quadragénaire --, donc, ne pas voir l'activité "artistique", du point de vue esthétique, mais du point de vue du contrôle de l'executant. Et en tirer l'étrange conclusion que ce domaine-là, ce territoire que chacun se réserve pour se retrouver, se retrouver hors de la vie courante, banale, où le contrôle de soi est demandé à chaque instant, il est étrange donc, qu'il soit la plupart du temps toujours & encore régit par le contrôle. Pétri d'exigence envers soi-même, alors qu'il l'est déjà toute sa journée, toute sa vie durant, l'executant continue à se maîtriser, à s'infliger une dure sentence, celle du bien-faire, du bien-beau. Ceci alors même qu'il devrait bien au contraire employer (habiter) ce territoire comme un terrain d'abandon de soi, hors de toute règle esthétique, dépourvu de toute limite, de toute loi érigée selon des critères esthétiques extérieurs; comme si le but du vieux retraité serait toujours de faire du consommable (du bien-beau), alors même qu'il a fait cela toute sa vie, souvent sous contrainte et par ennui; comme si l'intérêt de la poétesse quadragénaire serait encore et toujours de rédiger des vers -- alors même qu'elle rédige déjà toute la journée, alors même qu'elle ne cesse déjà d'être sous contrôle la plupart de son temps (un contrôle esthétique, sexuel, social, affectif -- ne pas faire si, faire si, pouvoir faire si, ne pas pouvoir si).

3. Envisager dès à présent l'écriture non plus comme un territoire du bien-faire, du faire-beau, mais du non-contrôlé.

16 févr. 2005

"Une vitre sur laquelle on s'appuie, au travers laquelle on voit un monde nous échapper. La main aplatie contre la paroi cherche à attraper ce que l'œil aperçoit au dehors. Un monde nous échappe que l'on ne peut acquérir, des histoires se nouent entre des personnes, des amours naissent et meurent, des artistes créent et leurs œuvres se vendent, on parle d'eux comme les amoureux marchent en se tenant le bras, des histoires naissent et meurent, la vie continue parce qu'elle ne peut pas prendre fin. Et tout ceci nous échappe, nous ne pouvons aller en cela parce que nous sommes déjà en cela, nous sommes emprisonnés au sein de l'existence."

1. Courir un peu plus, à chaque instant, à chaque seconde après le temps. Comme si celui-ci était compté; compté non pas vainement comme celui de la journée, d'une heure, de ce temps passé dans les transports en commun, mais le temps avant le point de rupture.

2. Prendre conscience -- ou alors n'est-ce que la pure imagination d'une esprit fatigué -- que ceci est déjà le chemin de la finitude; qu'il ne s'agissait pas de l'ouverture, mais de l'écrasement. Alors il y a le flottement, les instants où ceci est en suspens, juste s'agiter pour se donner l'illusion du mouvement, comme ces images où l'on voit, quand on l'agite un peu, un personnage entrer en action.

15 févr. 2005

1. La composition; et au-delà de celle-ci -- et la première réponse qui vient serait de dire qu'il n'y a rien, mais cela serait un arrangement avec soi-même -- un mensonge à ses propres yeux -- de dire cela; puisque ce n'est pas le rien qu'il y a au-delà, mais bien toute la fureur, le chaos qui conduit à la composition, à l'acte de composer, ici et là, à l'acte de chercher à faire bonne figure.

2. Rien.

3. Non, je n'y suis pas. Et je n'ai pas spécialement envie d'y être, compte tenu de ce qu'il y a à en tirer, compte tenu de ce qui est mis dans la balance. Juste un rire lorsque l'on s'aventure à dire que c'est trop -- et ce n'est pas ce trop qui rend cynique, mais ce rire provoqué.

4. Habib, t'es mort.

13 févr. 2005

Habib dans la boue

1. Bus-métro
train-rue
bus-train
métro-bus
dormir-rue
monde-foule
manger-boire
foule-gens
bonjour-au-revoir
dormir-bus
salut-au-revoir
bises-métro
ça-va-métro
train-bus
train-clopes
rue-couloir
café-salut
bonjour-métro
bus-rue
rue-métro
dormir-rien.

2. Ai été stressé tout le week-end à l'idée de ne pas avoir le temps de faire tout ce qu'il faut faire -- comme s'il s'agissait d'une liste longue incroyable, d'un planning démesurément overbooké. Dans la panique de ne pas avoir le temps, ai bossé sur Habib -- et c'était ça qui me manquait; de replonger les doigts dans le cambouis. Alors sans nervosité, écrire sans savoir ce qui va sortir, avoir une idée précise mais ne pas chercher la belle phrase, le bon mot, la jolie tournure. Juste plonger Habib dans la boue -- et c'était donc trouver un objet de concentration. L'aspect est défiguré; non pas par des ruptures, mais par un mouvement ample polyphonique qui s'impose à lui-même. Vais débarrasser la petite table et la mettre dans la chambre, faire un confinement, lacher l'ordinateur, et faire à la main.

3. J'ai 32 ans.

4. L'Olivier & Verticales sont entrés dans la compétition. Rappelons que Farrago est toujours en tête; jusqu'à quand ? Qui va les détrôner ? Et qui va donc battre le record de POL ? L'édition est une course de fond.

6 févr. 2005

1. S'endormir à l'aube, la gorge sèche et le souffle court / au pied du lit traînent encore les premières phrases d'un livre mal lu (d'une voix à bout de souffle, d'homme traversant le désert) / Et se donner les moyens pour ne plus pouvoir faire quoique ce soit (alors glisser quelques doigts, jusqu'à ce que les mains se referment).

2. Ménage intégrale. Ne rien faire d'autre.

3. Ne pas avoir envie de retourner au travail -- ai passé ces dernières nuits dans des rêves intégralement consacrés à ça, alors qu'il y avait bien mieux à rêver). La petite tristesse du dimanche soir, et se sentir loin.

4. Et se sentir un peu l'autre qui attend.

4 févr. 2005

1. Une rose pour Emily.

2. Robert Pete Williams en image.

3. L'intuition autour du monde qui se répartirait entre les crétins, les idiots et les désespérés.

4. Les nouveaux rituels.

5. Reste à faire ?

6. Ai repensé à la dinde -- c'est une femme dans le bus qui discutait avec un homme qui me l'a rappelé, surtout cette façon qu'elle avait de parler, très catégoriquement, avec les mains; elle avait les mêmes gestes et son flot continuel, cette volonté de persuader son auditeur, ceci jusqu'à l'endormir et en faire ce qu'elle veut par la suite. Le genre de personnes pour qui être heureux se doit d'être un concept, sans cela rien ne va. Je crois que je me suis réellement demandé où j'étais lorsqu'elle m'a dit cela: "aujourd'hui, j'étais assise, et je me suis dit "je suis heureuse"". La vache.

2 févr. 2005

Ai acheté La Bible; en ai commencé la lecture. Ai acheté également Des roses pour Emily de tonton Faulkner.

mode paysage

1. Comme revenir cassé de quatre jours -- comme si le corps ne pouvait plus suivre cela -- nausées, maux de ventre, fatigue globale des membres désarticulés, le cerveau en ruine.

2. La lassitude de ce parler. Se corriger -- reprendre le contrôle du dire, de l'écrire. Faire attention à ne pas se laisser aller à ces petites phrases bien trop simples qui ne veulent rien dire, le syndrôme fogat' "c'est géééniiaaallll".
Tu fais quoi ? -- J'abuse d'adverbes et de superlatifs bidons parce que j'ai trop la flemme de dire un truc grave bien.

3. Ai collé des timbres. Pour l'instant Farrago est en tête.

4. Alors les conclusions de ces quatre jours; nous avions eu tort de penser cela, de croire qu'il était un garçon froid et distant -- qu'il lui avait fallu fuir ces endroits qui l'avaient accueilli, parce qu'il devinait que nous n'étions pas contentes de lui, qu'un mur se dressait de jour en jour entre lui & nous, que nous (lui & nous) ne pouvions plus franchir; peut-être n'étions-nous que des idiotes -- se disent-elles maintenant --, peut-être qu'il n'était que lui-même et que nous avions attendu autre chose, un comportement différent, cette attitude "joviale" qui nous avait poussée à l'inviter quelques jours chez nous. Et l'autre dinde, qui disait de lui qu'il était un phasme -- manière élégante pour dire qu'il était un papier peint idéal; jusqu'au jour où le papier peint dit à la dinde qu'il ne fallait pas abuser de sa mansuétude.
Alors les conclusions; maintenant, il se rend compte que nous nous sommes trompés; qu'il n'est pas celui que nous avons, un instant, détesté. Lui-même s'est surpris; cela n'a pas été une bonne nouvelle, juste un réconfort de soi, pour soi. Comprendre qu'il peut être lui-même si on attend rien de lui. Parce qu'il vous donnera toujours ce que vous attendez de lui, ceci jusqu'au jour où il se lassera de ce rôle-là; alors vous ne comprendrez pas ce qui se passe; lui-même sera étonné; il lui faudra quelques jours, voire quelques semaines pour réaliser dans quel pétrin, vous (lui & vous) vous étiez mis. Mais là, le cas échéant, c'était sans attente, sans rôle, sans hierarchie, sans diplomatie. Hors de toute règle du jeu, comme des pions sur un échiquier avançant sans qu'ils ne portent quelconque poids. Etre là, sans nécessité, et tenir parfois le silence sans que cela devienne une tranchée ouverte, un tunnel sourd.

5. Juste serrer des doigts, le dos. Le café, les tartines, marcher, raconter des sottises qui ne sont pas attendues, ne rien attendre d'elles (les sottises) -- ni rire, ni attention, ni spectateur --, juste dire ou ne pas dire. Et l'on ne sait alors pas à quoi tient la relation: ni au mot, ni aux idées, peut-être s'agit-il de présence, d'échange, d'attention, le souci de l'autre comme le souci de soi.

6. Dans nos demeures.