28 mai 2009

jeudi

C'est à toi maintenant. Tu peux être fier. On va te demander pourquoi. Il n'y a pas de raison à donner. Jamais. Donner des raisons, c'est se mettre dans la position du coupable. Il n'y a pas de culpabilité. Le mot même ne devrait pas venir à l'esprit. Ne rien dire. Agir ainsi, sans avoir à s'expliquer. Parce que ce qui sera demandé sera moins une explication qu'une mise à l'épreuve. Une mise à l'épreuve de ce que tu es. Au passage, il ne manquera rien pour te déclarer malade, ou fatigué ou je ne sais quoi d'autre qui te placera, évidemment, sur une échelle de valeur. Toi, malade, toi, dingue, toi irresponsable. Mais il n'y a pas d'échelle. C'est cela qui est le plus dur à admettre. Surtout lorsque l'on passe sa vie à voir le monde en regardant ses pieds. Verticalement.

Allez vous faire foutre.

Un jour, on s'endormira sans "se refaire le match". On aura assez appris pour être là quand il le faut. Uppercut droit, défense haute, un gauche, une droite, on enverra KO au tapis en moins d'un round. Parce que l'on n'aura plus le moindre ressentiment. Ils seront des ennemis pour des bonnes raisons.

15 mai 2009

Luc Moullet à la Cinémathèque de Toulouse

1. Un court-métrage de Luc Moullet, Essai d'ouverture.
1ère partie


2nde partie



2. Je voulais voir Luc Moullet, ce type dont j'avais seulement vu l'un de ses court-métrages, dans lequel il dansait comme dératé sur une plage, au son du tube proto-électro Pop-Corn.

Il nous présente son film, Le Prestige de la mort.


Puis, vinrent les questions-réponses.




3. Si, par le plus grand des hasards, vous êtes la jeune femme qui pose la question "à propos du parasol" -- et dont on peut entendre les petits rires si charmants sur le second enregistrement --, n'hésitez pas à me contacter -- il me semble que nous avons raté quelque chose ce soir-là.

11 mai 2009

le portrait de l'homme creux

1. win.rtf.

2. Millepertuis.

3. Rien.

4. Jouer encore à ce jeu pourrait être amusant; mais, on dit qu'un jour, une souris de laboratoire dit à une autre souris de laboratoire: "il est vraiment idiot ce type (en parlant du grand-chercheur), quand j'appuie sur ce bouton, il me donne un bout de fromage".

5. Un amour de Swann. La saisissante soirée chez Mme de Saint-Euverte. Gilberte.

6. Rien.

7. Plus que le rien, le vide.

8. Perdre des territoires d'une ville & devoir en trouver des nouveaux.

8b. Nous sommes encore des animaux; l'évolution de nos personnalités (ou la confirmation) passe par une acquisition de nouveaux territoires: déménagement, changement de ville, de pays, de restaurants, de cafés, nous sommes en transhumance vers d'autres lieux. D'autres s'enferment: ils deviennent des piliers. Nous sommes des nomades; nos territoires sont ceux que les autres veulent nous céder, ou bien mieux, ceux que les autres ne pourront jamais trouver, tant ils demandent une acuité, un flair, qu'ils ont cessé depuis longtemps d'affiner. Nos travaux, nos doutes, nos joies -- ah la joie! --, nos libertés, nos délivrances, nos atroces limites que nous nous révélons, n'ont de cesse de nous apprendre à affiner nos instincts. Finalement, leurs territoires ne sont que des enclos, sécurisés et sécurisant, limités à répondre à des besoins très précis pour des satisfactions très précises. Les nôtres, sont ceux que nos pas peuvent parcourir.

8c. Je n'insisterai pas. Rassure-toi. Je n'irai pas plus loin. C'est toi-même qui sera à l'origine de ton massacre. Puisque c'est ça qui te tient en vie.

8d. Les piliers ne comprennent pas les bourrasques. D'ailleurs, ils ne bougent pas.




8e. Le vent: Soutine. Un jour, une amie m'a dit: tu es le groom de Soutine.

Il te faudra encore quelques jours po...

Il te faudra encore quelques jours pour retrouver cette liberté de penser,
enclos dans un sentiment qui dépasse la finitude du corps
- ce corps qui entre dans un dialogue avec un autre corps -,

un sentiment qui repose sur ce dialogue précisément
- dans cet espace ouvert par le dialogue -
& t'emprisonne dans un souvenir d'existence possible,

(mille existences s'ouvrent et se referment à chaque baiser)

non pas l'attente de l'autre
mais de cet instant qui ne vient pas
- et qui pourrait être le pas suivant
sur un chemin
(tout chemin s'achève un jour,

alors sans trop y croire
tu poursuis l'idée que cet instant qui se fait attendre
pourrait bien exister;
(tomber sous le charme d'une autre existence,
non pas réellement l'attente de l'autre,
ni même d'un quelconque désir,
mais cette course au travers de toi-même
fuyant ces temps morts remplis de rien
qui forment ton existence



- soudain un silence envahit ton appartement,
le silence de ta voix qui ne parle pas,
de ton corps qui bouge à peine,


L'amour
- ou tout ce qui peut s'en rapprocher
puisque le travail ou l'amitié sont égaux
dans l'asservissement qu'ils proposent -


t'empêche de penser - ou de rêver;

ne pas t'induire dans des pensées qui ne sont pas tiennes

puisque tu bloques l'horizon du langage
à quelques mots


(tu te souviens du rêve de la nuit dernière,
une société qui par une manipulation du cerveau
(un petit cavalier placé à un endroit judicieux)
limiter la capacité de penser,
de poursuivre les raisonnements)



et comme les personnages de ce rêve,
à présent tu ne penses plus, à ton grand désarroi, qu'à elle.

Non pas amour, mais quelque chose se rapprochant
du silence qui desserre
l'étau de deux corps.

6 mai 2009

bouts (2)

Demain je te raconterai les pyramides
Demain je te parlerai de ces jours qui seront des devenirs,
quand les vins auront été vomis à se retourner l'estomac,
quand les cigarettes ne seront plus que des cendres,
- des mégots pulvérisés dans des verres à pied,
- et les bouches pâteuses,
- et les langues lourdes et blanches,
quand les corps se réveilleront de ces sommeils de malaise de tête qui tourne,

Petit bouchon qui flotte,
au-delà des rivages.

4 mai 2009

Le nez, les yeux et ton front qui se plisse

2. C'est comme l'histoire de ce type qui découvrit un jour qu'il s'ennuyait; avant ce jour-là, il avait le sentiment d'avoir toujours quelque chose à faire; et puis vint cette journée du 20 avril 2007; il avait fini son yaourt, une molle paresse s'était emparée de lui, il alla boire un café. A la terrasse, fixé sur sa chaise, il regardait les filles passer. Il se retourna vers l'intérieur pour jeter un œil sur la pendule du café. D'autres filles passèrent; il se retourna encore vers la pendule -- l'aiguille avait bougé mais bien moins que le nombre de filles, de cuisses, de culs qu'il avait pu mater, l'air de rien --; en revenant à la rue, il croisa son reflet dans la porte du café et il ne se reconnut pas: il avait un trait à la place des yeux et un bec à la place de la bouche, "bordel! je ressemble à Trondheim", s'écria-t-il. Il décida de s'intéresser à la musique. Comme il ne connaissait aucun artiste et n'écoutait jamais la radio, il commença par la lettre A. Aujourd'hui, il est à ABBA, et demain, il va mourir.

3. En écartant le rideau, elle libéra une guêpe prisonnière qui, apeurée, traversa la pièce et disparut dans l'obscurité du couloir. Elle la suivit du regard, espérant qu'elle ne vienne pas à voleter près du canapé en cuir – ce canapé où les stations y sont longues, où l'imagination se perd dans la mémoire, jusqu'à ce que la mémoire devienne elle-même l'imagination d'un temps qui n'a pas eu lieu – ai-je été là, l'ai-je rêvé, suis-je encore là, fallait-il que je sois là ? L'insecte disparut dans l'ombre d'un couloir, elle se retourna sur la rue, regarda par la fenêtre, le voisin avait déjà disparu, l'après-midi était du printemps, l'heure était à la poussière.

Rêves

1. (Aujourd'hui, grasse matinée) Je suis dans la rue; je cherche un timbre; je trouve un distributeur de timbre (je m'étonne d'en trouver un dans la rue), il ressemble à horodateur; je mets de la monnaie, j'appuie sur le bouton Etranger/Europe (je suis en Russie, ou Pologne ou approchant); des pièces tombent en quantité, qui débordent de la machine puis quand je veux les prendre, elles disparaissent (elles sont avalées par la machine comme un aspirateur) et à la place, il y a 2 euros 50-60; le timbre est de 0.50 euro. J'ai deux lettres: une que je veux envoyer et une autre sur laquelle je veux coller une image -- auparavant, je suis passé dans un magasin pour acheter une grande vignette autocollante de Groucho Marx; je vais aux abords d'un lycée pour poser mes lettres et coller mes affaires sur les lettres; le timbre est autocollant, épais, plastifié et vert; il est mal imprimé, le pré-découpage ne correspond pas aux bordures du timbre; le découpage est en S; je m'étonne de ça et de son épaisseur plastifiée; derrière la grille du lycée, il y a un père avec deux de ses enfants; un troisième est à côté de moi; ce sont des pré-ados de bonnes familles, "à mèche"; je pose la lettre et colle le timbre; mes lettres glissent derrière la grille; d'autres ados cherchent à s'en emparer mais je les retiens; l'un me tient la main; comme j'ai quelque chose d'énorme dans la bouche (entre le chewing-gum et une grosse boule de glaire) je cherche à lui cracher/déposer dans la main; en voyant ça, il relâche ma main; un enfant à côté de moi a pris mon image de Groucho Marx et l'a pliée en deux, collant un côté sur l'autre; je m'énerve contre lui et appelle son père qui a disparu; je récupère mes lettres et m'éloigne de la grille; un jeune homme, dans les 25 ans, est là; il me demande ce que je fais là; je lui demande qui il est, si c'est un élève ou un pion, ou un flic; il me dit qu'il va me dire mes droits; je lui demande s'il me prend pour un pédophile ou quelque chose comme ça et que c'est n'importe quoi; je lui raconte ce que l'enfant a fait de mon autocollant et aussi l'histoire des lettres; il me parle mais je m'en vais; je rejoins mon hôtel; je croise une dame, la cinquantaine; je l'ai déjà vue avant tout ça, elle était là, mais elle jouait un autre rôle; il y avait aussi une autre dame, plus jeune mais elles se ressemblaient; au début, elles avaient des rôles définies et à la fin, arrivée à cette partie, elles ont interchangées leur rôle; la voix-off laisse entendre ce qu'elle pense à propos de l'autre dame: "quelle conne"; je lui demande quelque chose, où se trouve la boîte aux lettres; c'est une russe; elle est un peu plus grande que moi, habillée d'un long manteau, le visage ridé; je la remercie et fais quelques pas avant de me retourner; je reviens vers elle et l'embrasse sur les lèvres, puis de manière plus appuyée; elle sourit et s'amuse de cela; on se salue, partant chacun de notre côté; je lui dis "à bientôt" et elle comprend la blague et s'en amuse d'un clin d'œil, parce qu'elle sait qu'on ne se reverra plus.



2. (Autre nuit) Je marche le long d'une route, une ligne droite (exactement la route qui conduit de V? à St-D.) mais en plus étroite; des voitures me dépassent; la circulation est dense, très dense; ce sont des voitures des années 30-40, très grosses, très luxueuses; une voiture percute une autre sous mes yeux; la voiture percutée tirait un traineau et un landau; tout se passe vite, la voiture repart; dans le traineau, il y avait un bébé qui a été projeté dans le fossé; je le prends et le mets dans le landau; je le ramène chez mes parents; ils n'habitent pas dans leur maison mais une maison très années 30, fauteuils en cuir, ambiance cognac; on se dit qu'il faut prévenir les parents de l'enfant, parce qu'ils vont s'inquiéter; on déduit qu'ils sont en vacances dans l'un des hôtels de la région; je suis au téléphone et je cherche à composer le numéro; je n'y arrive pas, je me trompe toujours dans la composition du numéro, parce que je fais l'effort de me rappeler s'il y a un indicatif ou pas; ma mère m'apporte un autre numéro "plus récent" d'un hôtel dont je sais qu'il n'y a pas d'indicatif à composer, mais je n'y arrive toujours pas; je m'y reprends des dizaines de fois mais je m'arrête toujours au milieu parce que je me rends compte que je me suis trompé; je me sens impuissant à ne pas pouvoir composer ce numéro.