24 mai 2006

non

Tu peins, tu composes, tu sculptes, tu écris, tu blâmes le monde de n’être qu’une grande surface, tu exposes, tu dis, tu inventes, tu chantes, tu crées ton présent en un théâtre sans spectateur, tu classes, tu tries, tu coupes, tu cisailles et colles des bouts de papier sur une feuille blanche, tu cut-ups et tu souffles dans un tube, et d’un bout de verre tu en fais une pièce unique, et tu brûles, et tu joues, et ton cœur bat comme tu entres en scène, tu crées un présent en un théâtre sans spectateur, et l’on t’applaudit, te félicite, t’encourage, tu existes parmi des millions comme toi, tu est nous et nous sommes infidèles à l’histoire qui n’est plus qu’un grand sac où la main plonge et en sort un morceau peint, composé, sculpté, écrit, retravaillé jusqu’à l’appropriation comme un vol qui aura la valeur de celui qui l’aura volé, samplons, agissons là, peignons, composons, sculptons, écrivons, blâmons le monde, exposons, disons et inventons, chantons-nous le cœur rempli d’une foi aussi puissante que notre impuissance à ne pas voir que tout cela n’est que de la merde.

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