21 août 2005

à la dérive

1. Juché sur mon lit superposé -- je dominais de mon perchoir cette soirée d'un mercredi après-midi pluvieux; mes camarades de chambrée entraient & sortaient, revenaient de la douche, buchaient leurs cours, copiaient les devoirs; je lisais Le bruit & la fureur de William Faulkner. Matthieu m'avait même demandé ce que je lisais; Le bruit & la fureur, avais-je répondu, c'est vraiment bien, il écrit ce que pense le personnage.

Je n'arrive pas à savoir à quelle mesure ce livre m'avait impressionné alors. Je crois que je l'ai oublié durant une dizaine d'années, jusqu'à la lecture du Domaine, que ma soeur m'avait donné avec tout un tas d'autres livres -- laquelle m'avait également donné, quelques années plus tôt et quelques années plus tard après ma première lecture du Bruit & la fureur, l'album de la Pléiade, alors même que j'avais oublié ce livre-là, cet auteur-là.

La relecture -- la 3ème -- de ce livre est toujours impressionnante -- comme être face à une masse vivante, inextricable, si complexe qu'il devient nécessaire d'oublier ce qui a à lire pour le comprendre -- chercher à le comprendre dans le moindre de ses recoins, c'est perdre son temps; il n'y a rien à comprendre -- et le résumé en quelques lignes -- l'inceste, la jalousie, le suicide, la haine --, c'est finalement le réduire à peu de choses, c'est passer à côté de l'essentiel. Il n'y a rien à faire face à, si ce n'est se sentir assez minable.

2. Week-end, où comment faire la synthèse de ce qui a été vécu et tirer les leçons en faisant de tout cela un champ de ruine sur lequel il n'y a plus qu'à réinventer une autre manière d'exister, par nécessité. Il n'y a enfin plus d'amertume, seulement de la rage face aux bouffeurs de cervelles hystériques.

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