-- J'aimerais que tout cela s'arrête, tu comprends? Tu comprends, dis-moi? Cela fait dix mois que j'y suis dessus, marchant avec, dormant avec, mangeant, chiant, pissant avec. J'aimerais prendre des vacances de cela, j'aimerais l'oublier un peu. Quand je regarde devant, j'en vois la fin, mais quand je me retourne, je vois tout le chemin qu'il me reste à parcourir -- parce qu'une fois arrivé, il me faudra revenir en arrière -- n'est-ce pas ainsi que se tracent les chemins, un seul passage ne suffit pas, plusieurs sont nécessaires pour que ce chemin permette au promeneur d'être au plus près du monde qu'il parcourt.
-- Le chemin comme étant la peau, la fine pellicule qui sépare le promeneur du monde.
-- Me crois-tu si je te dis que ce soir, je suis las. Pourtant, il y a quelques jours, j'entrevoyais ce qu'il devait être et il était à la portée de ma main, palpable, évident. Et maintenant, tout redevient compliqué, laborieux. Tu sais très bien que je n'abandonnerai pas, tu peux me faire confiance. Mais n'ai-je pas le droit de me sentir impuissant, même si je sais que tu n'aimes pas me voir ainsi, trainant des pieds, disant que tout cela n'a pas autant d'intérêt que cela.
-- Oui, tu peux le dire. Je te le permets. Je te l'autorise. Je crois qu'en résolvant l'énigme, tu as mis, en quelque sorte, fin à tout cela.
-- J'ai le cerveau prêt à exploser. Je serais sur un divan, en analyse, ma bouche serait un corps et ma parole en serait une jouissance qui le traverserait, infiniment. C'était une belle énigme, si simple, si pure.
-- Tu n'y croyais pas vraiment lorsque tu as eu la solution. Je crois que cela t'a épuisé. Et c'est pour cela que je t'autorise à un peu d'impuissance, à un peu de repos.
-- Chouette.