23 févr. 2009

Préambule (la clef de voûte)

1. L'idée extravagante s'impose à l'esprit sonné -- avant la fatigue excessive, la convalescence, l'idée se cache derrière une allure de normalité; la réalité n'est pas encore habitée par cette idée qui va la bouleverser comme le sculpteur bouleverse la matière pour en sortir une pièce. Pour l'instant, tout semble normal -- parfois des territoires apparaissent et disparaissent; par bribe, l'idée prend place mais ne se conçoit pas encore complètement, seul le terrain travaille à son apparition.

C'est en revenant d'une fête ("cette fête où l'on a perdu notre temps") ou encore au lendemain d'une petite fièvre -- quand la parole est faible et les gestes sont peu assurés (le corps flou, en léger déphasage) que l'esprit trouve l'espace pour s'affranchir du regard critique qu'il portait sur lui-même; il se laisse posséder par cette idée (détrousser, corrompre, fourvoyer, transporter, ravir), comme une évidence que l'on aurait repoussée jusqu'alors pour mieux l'embrasser à cet instant qui s'offre à nous -- à laquelle nous nous offrons, sacrifiant une part de notre rigueur pour nous tordre à cette idée qui nous pousse aux doutes tout en se révélant être évidente, adéquate à notre condition. L'idée s'étend, découvre une cohérence qui liait ces bribes, ces soupçons; un territoire singulier apparait, grotesque et difforme aux yeux des autres (et c'est bien pour cette raison que ces idées extravagantes sont le plus souvent confinées au secret, réservées à l'intime) -- idée qui dévoile un territoire qui nous remplit parfaitement puisque il ne nous couvre pas seulement, mais ouvre des perspectives dans ce réduit que nous habitions.

2. La clef de voûte.



Aucun commentaire: