19 sept. 2009

V

Au début tu ne comprends rien, tu dis que t'as chaud, qu'il fait froid, ton corps tremble, tu as des vertiges, tu as vomi toute la nuit et le matin tu ne te sens pas si bien que ça -- tu aurais espéré mieux mais tu ne regrettes rien, tu n'es pas déçu, tu ne t'attendais à rien, c'était devenu tellement tellement tellement tellement ennuyeux, ça aurait pu continuer longtemps, à te parler à te dire un jour le roi viendra et je porterai ses fripes, un jour je traverserai les mers d'un seul pas des choses comme celles-ci que personne n'entendait, c'était sur une petite scène, c'était une estrade éclairée par les écrans des téléphones portables, les spectateurs rivés sur les viseurs des appareils photo -- et maintenant tu te retrouves là, sans les choses dont tu parlais mais avec sur les bras les mots que tu utilisais, Mon Dieu, je comprends rien, tu vas vomir, tu reviens, tu fais un tour, reviens, pars, tu lèves les bras, retournes tes mains, tu fais l'idiot, ça te fait marrer, tu t'allonges, redeviens sérieux un instant, t'as ce mauvais goût au fond de la gorge, l'amertume te relie avec la fin de ce qu'il y avait avant, mais tu sais que lorsque tu ne seras plus amer, tu seras un vagabond, tu porteras ses fripes, tu auras sa maison, tu auras son soleil et ses nuits, tu seras le roi.