1. Dans les miroirs des cafés, ai revu la fille. Il est maintenant difficile de jouer carte sur table -- "non, ce n'était pas moi, mais j'aurais pu le faire -- non, ce n'était pas moi, mais j'ai trouvé ça plutôt drôle, plutôt culotté, surtout que je t'ai reconnue dans ce portrait -- non, je n'étais pas là ce mois-ci, non, cela ne peut pas être moi (le mensonge des couards, des héros des ivresses éthyliques)". Dans un autre lieu et dans un autre temps, les choses se seraient passées autrement. Un jour peut-être. Mais que cela soit dans la rue ou dans le reflet des grands miroirs des cafés, on sait quand on est vu et quand on ne l'est pas. Un jour, je me souviendrai qu'à une époque, j'ai rasé les murs. Je suis l'intrigant petit bonhomme aux lunettes rondes.
2. Dos Passos. Bon, il faut jouer carte sur table: Proust, auteur du XIXème, définitivement, au grand regret des critiques et des philosophes des bar-pmu. Joyce, du XXème. Machin, il crèche dans l'appartement, il écrit, couché, des histoires de gens vivant dans la naphtaline d'un temps perdu. L'autre, il commence au petit matin par un grand bol d'air frais, et il raconte une journée en 1200 pages; pour lui, le temps n'est pas perdu, il est là, au présent. L'un navigue entre Venise et la piole d'un hôtel bourgeois, l'autre bourlingue entre Dublin, Paris, Zurich, Rome, Trieste, picole comme un trou, fume des clopes dans la voiture de l'asthmatique et se fait férocement renvoyé par celui-ci du carré VIP. Joyce, ce jour-là, en fumant sous le nez de Proust, lui a bien fait comprendre que son carton VIP, il pouvait le rouler et se le mettre où il le voulait, parce que c'est lui qui lui mettait la mite au grand concours de composition littéraire. Bon, Joyce, c'est Max/MSP avant l'heure, ça détruit tout ce qui s'est fait jusqu'alors, et fait le vide autour d'elle (la littérature). Bon, le XXIème (?!). Ah oui, le XXème, c'est le début des dilletantes, les écrivains des bureaux, les commis voyageurs: Kafka, Pessoa, et tout le reste. Bon, le XXIème (?!). Quand on voit que la musique contemporaine du XXème siècle est en passe de devenir un vieux truc tout poussièreux, on est dans le devoir de se demander ce qui pourra se passer (un néo-classicisme, façon Gorecki, Part, etc. ?! (merde!) -- malgré un intérêt tout récent éveillé pour la musique dite "contemporaines" par le public d'une certaine musique électronique expérimentale (comme une recherche bien plus archéologique, une recherche de digestion -- à notre grande époque où tout est disponible, où tout est mangeable, avalable, où tout se vaut, il serait bon de se poser la question de la digestion -- voire de la défécation). Ca sera fait de quoi le XXIème, du néo-classicisme (merde!) ?! De la digestion ?! Du "on recolle les morceaux, ils ont tout cassé, et ils nous ont montré que c'était vraiment jouissif de tout casser, mais bon, même si c'est moins cool que de tout péter, on va quand même essayer de construire quelque chose dont on puisse être un peu fier" -- mais ça va être difficile de battre un mec qui a osé intoxiquer par une clope le grand Marcel.
3. Marcel Proust, c'est nul.
4. It's the end of the world as we know it, and i feel fine. Ouais, je ne crois pas que cela se fera en se prenant la tête -- genre "avancer les concepts pour un nouvel art" à la façon des é-crivains/e-critures.org, ce genre de concepts qui servent bien plus de béquilles face à une chose que l'on ne comprend pas que de ponts reliant à l'avenir -- une manière pour ne pas se dire "j'ai la frousse, alors rationalisons, avec des concepts, on va pouvoir construire un truc parfait -- mais mes chers é-crivains, c'est avec des concepts du XXème que vous cherchez à analyser un art qui sera probablement celui du XXIème -- mais laisser lui au moins le temps de faire des âneries, de ne pas se prendre au sérieux -- ah GTA3, ah Manhunt! --, laisser lui le temps de la jeunesse, arrêter de faire des discours que l'on réserve pour les enterrements.
5. Les points de rupture.
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