Soirée du 21/I see you (the-byrds)/ Peu importe si le lendemain il fallut dormir dans les toilettes du bureau pour y trouver un peu d'intimité, et faire l'aller-retour à midi pour une sieste d'à peine une poignée de minutes, et repeindre la salle de bain avant de dormir et "lorsqu'elle entra, il se demanda s'il n'avait pas jusque-là gardé ses yeux baissés, durant toutes ses soirées qu'il avait passé avec elle, à boire tout deux et ivres jusqu'à oublier les pas de danse qu'imposait la musique -- alors juste bouger son corps comme on agite ses jambes pour retirer un pantalon trop étroit, bouger son corps pour s'en défaire --, le regard fuyant, ne la voyant pas jusque-là -- n'y voyant à dire vrai que celle qu'elle voulait laisser voir, juste une surface exhubérante ironique & cassante, mal fagotée drôle et idiote -- le genre de fille stupide qui peut pisser dans un broc et en jeter le contenu du troisième étage sur les passants, et se cacher et rire comme une idiote. Peut-être était-ce la fatigue qui lui fit tomber sa garde -- relevant alors les yeux sur l'inattendue --, et il vit une grosse masse de vérité, et alors tout entra en cohésion -- la pisse, le broc, les mauvaises blagues et les saloperies vachardes de la première rencontre -- et les excuses qu'il y eut lors de la seconde --, les actes et l'ivresse, la résolution et le dépit, la pertinence et la cruauté qu'assène la solitude, le malaise et la placidité du sourire, le front large --; un gros morceau de vérité (et là figé dans sa fatigue, attendant la fermeture une cigarette à la main, il se dit lorsqu'elle entra, dressée droite & emmitouflée d'une longue veste bleue, le sourire fané et timide, au-delà de la représentation de l'idiote ("-- sale garnement, sale idiote stupide qui crache sur les passants"): "elle est belle" -- pour que n'importe quel soudard tombe en extase à ses pieds" -- comme jamais il ne l'avait vue, là les yeux enfin droits face à elle et voyant la vérité, la fêlure du vernis, cet instant quand les morceaux éparpillés ici & là incohérents se rassemblent pour ne former plus qu'un bloc, alors. Alors, un jour, il faudra comprendre pourquoi il n'y a que les dingues qui l'intéressent.
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