Comment finir? On ne sait pas. Et l'on ne sait pas parce qu'on ne veut pas. Personne ne veut vraiment. Quand on est au fond d'une impasse, qu'est-ce qu'on fait? A moins de s'y complaire, d'y trouver une espèce d'accomplissement, on peut s'asseoir et décider de se taire; ou se raconter à mi-voix qu'on est ailleurs et arriver à le croire; ou revenir sur ses pas pour tenter de découvrir n'importe où n'importe quelle issue; ou se réfugier dans ses souvenirs; ou encore se cogner la tête contre le mur pour casser le mur ou la tête, ou les deux à la fois; ou se figurer qu'on s'élève, qu'on s'évade par en haut; ou prier pour que vienne vite la fin qui, puisqu'on s'adresse à quelqu'un qui a pouvoir sur elle, ne sera donc pas vraiment la fin; ou entreprendre des réussites. On peut aussi nier la fin ou se mettre à hurler jusqu'à ce qu'elle se produise.
Jacques Réda, ext. de L'Improviste, une lecture du jazz.