1. L’un des points remarquables de Facebook est la rigidité de son design: tous les utilisateurs ont la même interface (web 2.0) – loin de celle de MySpace, qui permet des fantaisies plus ou moins de bon goût. Sur Facebook, tout le monde est égaux face au moyen mis à la disposition pour exprimer son moi profond (sic): ajouter ou non une application. Si MySpace est le terrain propice à la “créativité”, Facebook est strictement fonctionnel.
2. Facebook, c’est le retour d’une rigueur post-communiste ou, vu sous un autre angle temporel, on peut dire que l’ère soviétique a été une ère proto-Facebook. Dans l’idée où le soviétisme stalinien était marquée par l’immiscion de l’Etat dans la vie privée, et en sachant que Facebook est le lieu même où l’on expose sa vie privée, l’idée de filer la métaphore est plaisante.
3. Sur Facebook, les riches (et comme nous sommes fonctionnels, nous nommons par riches, les gens ayant un haut-rang social & financier) y viennent parce que c’est jeune et frais sans être vulgaire – très ligne claire –, les pauvres y viennent parce que c’est jeune et frais sans être vulgaire. On s’y retrouve comme l’on se retrouve tous à Ikea ou à H&M.
4. Un type à la radio s’étonnait de ne pas avoir à s’étonner que le président du Sénat français venait de refuser l’appartement qu’un “privilège” lui offrait à vie – son argumentation tenant sur la puissance des médias en tant qu’œil critique de la société, comme police de la moralité de la société. Le type poursuivait en haussant la voix comme tout bon éditorialiste: “il ne faut pas que ces gens-là, qui touchent des millions en parachutes dorés, croient qu’ils vont pouvoir s’en sortir comme ça!” Alors voilà les médias comme caisse de résonance de la vox populi, etc., mais ce n’est pas le propos.
3. Ikea/H&M est suédois et la Suède est le modèle économico-social en devenir référentiel des sociétés occidentales; là-bas, les politiciens prennent le bus pour se rendre au travail, un député qui prend le taxi en douce peut se voir mis à l’amende, voire débarqué.
4. Métro, le journal d’information gratuit qui permet à des milliers de bûcherons d’abattre tous les jours quelques terrains de football de forêts, est suédois.
5. Je ne sais pas si les députés et les grands patrons qui touchent des parachutes dorés lisent ou non Métro, et donc, je ne sais pas si c’est Métro qui fait office de grand bâton de la culpabilité -- “chéri, je vais refuser cet appartement, j’ai encore lu Métro, et je n’en puis plus de toute cette pression – Reprends encore un croissant, tu es chagrin ce matin”.
6. Le plus pénible à vivre dans un open-space où il y a votre chef de projet, c’est certes de l’avoir tout le temps sur le dos hiérarchiquement, mais c’est surtout de devoir supporter son travail – téléphone continuel, réunions improvisées à vos côtés avec d’autres chefs de projet, bruits inhérents à sa fonction – une gestion de l’effort différent qui demeure incompatible avec la vôtre. Un architecte ne travaille pas à côté de la bétonneuse, le maçon ne travaille pas à côté de la personne qui va vendre l’appartement.
7. L’open-space est une chimère démocratique.
(…)
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