28 nov. 2010

Note de fin de soirée

1. Il a dit: "Avec l'Europe, il n'y a plus de frontière, mais les frontières apparaissent aux portes des grands magasins, avec ces types de la sécurité qui te guettent comme des douaniers."

2. Social Network. Le type vide, transparent, on peut prétendre lire en lui tant il apparaît simple, en adolescent qui boit des bières avec ses potes et les filme dans la piscine. S'acharner à croire que son moteur est la rupture avec sa copine, c'est chercher une résolution un peu simpliste, c'est continuer à le percevoir comme un garçon transparent, presque vide. Il aurait les ambitions de son accoutrement -- au même titre que les personnes qui l'entourent, les "beaux gosses", les futurs financiers dans l'habit est l'image de leurs ambitions. Il ne faut pas s'arrêter à ses vêtements pour définir ses ambitions. Sa transparence est finalement opaque, trouble. Il est vide et il fait le vide autour de lui. Il mange du code. Il transforme la réalité, les réseaux sociaux en code. Il encode la réalité des relations -- j'aime, le mur, avec qui je suis, célibataire, c'est compliqué, etc. Faire un logiciel, un site comme Facebook, cela demande une analyse préalable de la réalité, comprendre comment le monde fonctionne. Il existe autant de compréhension du monde qu'il y a d'individus. Sa démarche est relationnelle, avec des paliers non-binaire -- la notion dans Facebook du "c'est compliqué" est géniale parce qu'elle laisse l'ouverture au chaos, avec un détachement taoiste. Avec Facebook, même le pire devient impondérable. L'effet addictif "je l'ai mis sur Facebook", on s'en détache, c'est là, c'est mis là, je peux faire autre chose maintenant. Une empreinte est une trace laissée par le poids de la personne qui marche, et c'est son poids (matériel) qui reste, avant la disparition. Comme si un appareil photographique avalait les couleurs des objets qu'elle prend -- il me semble qu'il y avait une campagne de publicité pour Kodak où quand les types prenaient des photos, les objets devenaient blancs "les voleurs de couleurs". Pour devenir transparent.
Le héros est un branque -- cf. ma page sur le prochain Coqtail, sur les branques (https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOgWsfc61AOJn0_q8KHZcElLhuHhlJu1Q0ldZoggj2uqyMKFIhYnR5HrqSe763Ym6CFRgxkeBKp85XqWevoB9TKUON4zTliPP3HghxjyTpbiD5mQqYMz_5ZsBXHBv48YwXEcmGPw/s1600/15.jpg). Un idiot transparent opaque qui construit une machine. Facebook est un monstre et le dernier plan, où il demande en ami la fille qui l'a rejeté, où il appuie sans cesse sur F5 pour rafraîchir la page afin de savoir si l'ajout a été effectué est à voir comme un docteur Frankestein qui exciterait son monstre pour savoir si il bouge, si cela marche, si cela marche aussi pour lui. Si finalement, lui aussi est capable d'avoir des amis. C'est peut-être moins la fille qu'il teste que lui "est-ce que je suis normal, comme les autres, est-ce que je peux avoir des amis sur Facebook". Cf. l'épisode de South Park sur Facebook 0 friends (avec ce pluriel immuable, abyssal).
Autres points intéressants: le rafraîchissement (la simultanéité, le temps de latence); il mange du code. Le vide qu'il fait autour de lui, le vide qu'il semble avoir en lui (le tao), le long plan (le plus long du film, à l'ouverture) sur son trajet entre le café où il est éconduit et sa chambre, comme si c'était durant ce trajet que tout se passe, la machine qui marche en pensant, au pas de guerre.