9 nov. 2010



Un jour tu partiras, tu traverseras plus de villes que ta vie comptera de jours, plus d'amours que tes mains ont de doigts, tu traîneras derrière toi le cimetière des morts que tu auras rencontrés, tu garderas dans ton sac la tête de l'homme que tu tueras un soir de fête.

Tu auras les joues lisses polies par le vent, les yeux pleurant le sable des déserts et les mains grasses de la terre que tu auras creusée pour cacher tes trésors de guerre.

Un jour tu reviendras
                                tu auras changé
                                tu seras plein de mystères et tu n'auras plus rien à dire,
                                la vie rend muet celui qui ne sait pas raconter.

Et je te dirai
quand je t'avais dit "prends à gauche", je voulais dire 
"prends à droite"

Je me serais bien amusé de toi et j'attendrai ta gratitude -- sans moi, les continents seraient encore inconnus, les étoiles n'auraient pas de nom, la terre ne serait pas ronde.

Tu ne diras rien, l'amertume t'enterrera, tu voudras me voir mort, le ventre ouvert, les tripes autour du cou. Tu voudras te faire faucon mais la terre t'aura rendu humble oisillon -- tu auras bien raison de me vouloir comme cela, mon corps sous les crachats, ma tête pleine de sang. Tu auras parcouru tout ce chemin pour être trahi. "Il n'y a pas de loi qui interdit la malchance", tu me diras.

Tu m'as toujours demandé, maintenant tu sais.

Tu repartiras. Cette fois-ci en prenant par la droite, peut-être parce que tu sauras que le chemin de gauche t'avait ramené à moi.